Victor Hugo - Les Djinns Translated by Cloudesley Brereton
Victor Hugo (1802-85)
Translation 1913 by Cloudesley Brereton, discovered by Timothy Adès.
Victor Hugo - Les Djinns
Translated by Cloudesley Brereton
E com i gru van cantando lor lai
Facendo in aer di se lunga riga,
Cosi vid’io venir traendo guai
Ombre portate dalla detta briga.
- Dante
Murs, ville
Et port,
Asile
De mort,
Mer grise
Où brise
La brise,
Tout dort.
Dans la plaine
Naît un bruit.
C'est l'haleine
De la nuit.
Elle brame
Comme une âme
Qu'une flamme
Toujours suit !
La voix plus haute
Semble un grelot.
D'un nain qui saute
C'est le galop.
Il fuit, s'élance,
Puis en cadence
Sur un pied danse
Au bout d'un flot.
La rumeur approche.
L'écho la redit.
C'est comme la cloche
D'un couvent maudit ;
Comme un bruit de foule,
Qui tonne et qui roule,
Et tantôt s'écroule,
Et tantôt grandit,
Dieu ! la voix sépulcrale
Des Djinns !... Quel bruit ils font !
Fuyons sous la spirale
De l'escalier profond.
Déjà, s'éteint ma lampe,
Et l'ombre de la rampe,
Qui le long du mur rampe,
Monte jusqu'au plafond.
C'est l'essaim des Djinns qui passe,
Et tourbillonne en sifflant !
Les ifs, que leur vol fracasse,
Craquent comme un pin brûlant.
Leur troupeau, lourd et rapide,
Volant dans l'espace vide,
Semble un nuage livide
Qui porte un éclair au flanc.
Ils sont tout près ! — Tenons fermée
Cette salle, où nous les narguons.
Quel bruit dehors ! Hideuse armée
De vampires et de dragons !
La poutre du toit descellée
Ploie ainsi qu'une herbe mouillée,
Et la vieille porte rouillée
Tremble, à déraciner ses gonds !
Cris de l'enfer! voix qui hurle et qui pleure !
L'horrible essaim, poussé par l'aquilon,
Sans doute, ô ciel ! s'abat sur ma demeure.
Le mur fléchit sous le noir bataillon.
La maison crie et chancelle, penchée,
Et l'on dirait que, du sol arrachée,
Ainsi qu'il chasse une feuille séchée,
Le vent la roule avec leur tourbillon.
Prophète ! si ta main me sauve
De ces impurs démons des soirs,
J'irai prosterner mon front chauve
Devant tes sacrés encensoirs !
Fais que sur ces portes fidèles
Meure leur souffle d'étincelles,
Et qu'en vain l'ongle de leurs ailes
Grince et crie à ces vitraux noirs !
Ils sont passés ! — Leur cohorte
S'envole, et fuit, et leurs pieds
Cessent de battre ma porte
De leurs coups multipliés.
L'air est plein d'un bruit de chaînes,
Et dans les forêts prochaines
Frissonnent tous les grands chênes,
Sous leur vol de feu pliés !
De leurs ailes lointaines
Le battement décroît,
Si confus dans les plaines,
Si faible, que l'on croit
Ouïr la sauterelle
Crier d'une voix grêle,
Ou pétiller la grêle
Sur le plomb d'un vieux toit.
D'étranges syllabes
Nous viennent encor ;
Ainsi, des Arabes
Quand sonne le cor,
Un chant sur la grève
Par instants s'élève
Et l'enfant qui rêve
Fait des rêves d'or.
Les Djinns funèbres,
Fils du trépas,
Dans les ténèbres
Pressent leurs pas ;
Leur essaim gronde ;
Ainsi, profonde,
Murmure une onde
Qu'on ne voit pas.
Ce bruit vague
Qui s'endort,
C'est la vague
Sur le bord ;
C'est la plainte,
Presque éteinte,
D'une sainte
Pour un mort.
On doute
La nuit...
J'écoute : —
Tout fuit,
Tout passe ;
L'espace
Efface
Le bruit.
https://www.youtube.com/watch?v=5ZZCsrMixOgThe Djinns
And just as cranes who sing their lay
Make their long file across the sky,
So I saw come, with drawn-out cry,
Shades that the tempest bore away.]
- Dante translated by T.A.
Walls, town,
Port loom
With frown
Of doom;
Sea gray,
Where ay
Gleams spray;
Sleep! gloom!
O’er the plain
Sighings steal -
Gasps of pain
Louder peal,
As flies night,
Like a sprite,
Hell-fire light
At its heel.
The shriller sound
Chimes like a bell;
Its beat the bound
Of pygmy fell,
That backs, advances,
Or, as it prances,
On tiptoe dances
O’er ocean's swell.
The dread sound doth swell
By echo rehearsed;
’Tis weird as the bell
Of convent accursed;
Like the roar of a crowd
That thunders aloud,
Rumbles - dies away cowed,
Ere a louder outburst.
’Tis the Djinns! ’Tis their cry
From the tombs! What a din!
Ha! the stairs, let us fly
Their dark hollows within!
My lamp dims; o’er the wall,
The shadows that fall
From the balustrade, crawl
Till the ceiling they win.
’Tis the swarm of Djinns in flight
That hiss as they onward dash,
Snapping off, like a pine alight -
The yews over which they crash.
Their giant and wind-swift horde
Through the void of heaven have poured,
Like a cloud whose womb is stored
With the lightning’s hidden flash.
They come! they come! Make fast the door!
Here in this chamber we may flout
Their hideous host. Ah! what a roar
From dragon-vampires without!
The rafters bend beneath the shock,
Like sodden blades of grass they rock,
The door tugs at its crazy lock
And threats to wrench its hinges out.
Infernal cries! voices that howl and wail!
The dreadful swarm - no room is left for doubt -
Just heavens, borne onward by the Northern gale
Swoops on my home. Beneath their sooty rout
The walls reel and the house filled with strange sound
Shudders - methinks uprooted from the ground,
Like aspen leaf whirled madly round and round,
The wild winds whirl it in their train about.
Oh prophet! canst thou succour now
Thy son from these foul fiends of night,
My shaven crown I’ll prostrate bow
Before thy censer’s sacred rite.
Grant on these hallowed doors may die
Their fiery breath, and fruitlessly
O’er these dark casements let them ply
The rasping talons of their flight.
They are gone, and their array
Flies and flees, their cloven feet
Battering at my door away
Cease at length their volleying beat;
Heaven with clank of chains doth ring,
In the forest neighbouring
Tall oaks bow them shuddering
As the fire-fiends o’er them fleet.
But their pinions resound
Ever further aloof;
So confused is the sound
In the plain, ’twere a proof
With its faint tinkling clang
That a grasshopper sang,
Or a hail-shower rang
On an old leaden roof.
And mysterious notes
Still hither are borne,
As fitfully floats
To the sound of a horn,
An Arab refrain
They chant by the main;
Dreams a child at the strain,
His dreams to gold turn.
The Djinns of hell,
The seed of doom,
In mad pell-mell
Sweep through the gloom;
Their horde doth rave,
Hoarse as a wave
That o’er its grave
Unseen doth boom.
The faint knell
Flies - has fled!
’Tis the swell
In its bed!
’Tis the plaint
Death-like faint
Of a Saint
O’er her dead!
The dark
Or what
Stirs? Hark!
Each jot,
Each trace,
Doth space
Erase.
’Tis not!I found this in the British Library.
An exercise in fine printing:
London College of Printing c. 1911.
Translation: Copyright © Timothy Adès