The Message

Le message

Jacques Prévert (1900-77)

Le message
La porte que quelqu'un a ouverte La porte que quelqu'un a refermée La chaise où quelqu'un s'est assis Le chat que quelqu'un a caressé Le fruit que quelqu'un a mordu La lettre que quelqu'un a lue La chaise que quelqu'un a renversée La porte que quelqu'un a ouverte La route où quelqu'un court encore Le bois que quelqu'un traverse La rivière où quelqu'un se jette L'hôpital où quelqu'un est mort.
The Message
The door someone opened The door someone shut it The chair someone sat in The cat someone petted The fruit someone bit it The note someone read it The chair someone shoved it The door someone opened The road someone’s on it The wood someone’s in it The weir someone's dashed in The ward someone's died in.

Translation: Copyright © Timothy Adès

More poems by Jacques Prévert...

Le Pont du Nord

Le Pont du Nord (as sung by Germaine Montéro)

Pierre Mac Orlan (1882-1970)

Le Pont du Nord (as sung by Germaine Montéro)
Je n’ai pas pu payer ma taule. Je dois deux semain’s et ma clé N’ouvrira plus la rue des Saules: Ainsi l’a voulu le taulier. La neige tomb’, c’est grand’ vacherie Dans l’ciel, sur la terre et sur moi. Le froid mord dans mes joues maigries Et me ronge le bout des doigts. Ma mèr’ m’a dit, il y a longtemps, — «C'est sur le Pont du Nord qu’Adèle Ta soeur aînée a foutu l'camp Pour danser la java rebelle Loin des conseils de ses parents. C’est là qu’ell’ perdit sa ceinture, La vie et l’air de la chanson. Les Rabouin’s, la Bonne Aventure, Tout ça c’est de l’accordéon.» Quand ma mère eut fermé la bouche, Mon premier soin, ru’ Durantin, Fut d’aborder une Manouche. On peut dir’ qu’elle tombait bien. Sa jupe à volants était mûre; Elle a regardé dans ma main Et m’a dit la Bonne Aventure Devant la port’ d’un marchand d’vin. —«Tu seras marié pour toujours Avant que la lune se couche Dans la lumièr’ du petit jour Tout d'suite après ta premièr’ touche: Car c’est ainsi que naît l’amour. Tu me paieras à la prochaine… Es-tu rassuré’ sur ton sort ? Il est au bout du Pont des Peines, Autrement dit le Pont du Nord. » — «Monsieur, demandai-je à tout l'monde, Où se trouve le Pont du Nord?» Les uns disaient: Au bout du monde Et d’autres: Au bout du corridor. Dans les neiges indifférentes J’ai aperçu le pont brumeux. Il n’avait pas de main-courante Et frôlait le fleuve et les cieux. Le vent, tel un homme en folie, Bouscula les points cardinaux; Et la neige fondit en pluie Pour mieux vous refroidir les os. Et la chair promise au tombeau La fille aperçut-elle un signe Qui lui fit entrevoir les corps Des mal marié's à la dérive ?… Ce n'est plus de notre ressort.
Le Pont du Nord
Can’t pay my rent. Two weeks behind. My key won’t open Rue des Saules: The landlord’s wish, he isn’t kind. It’s snowing, snowing wretchedly On earth, on heaven, and on me. On my thin cheeks the snowflakes fall: The cold bites into them, and nips And gnaws my frozen finger-tips. My mother told me long ago ‘Le Pont du Nord is where Adèle, Your elder sister, went awol And whooped it up, a ne’er-do-well, Far from her parents’ good advice. She lost her belt, she lost the tune, Her life and luck and good fortune: Drop-outs and chancers, no-one nice, Sad song, cheap music, rotten show.’ Soon as my mam had turned it up, My first requirement was to step To Gypsy Rose, rue Durantin, A palmist, doing rather well: The skirts she wore were flounced and full. She read my hand, my fate and all My future and my fortune in The doorway of a bottle-shop. 'Before the setting of the moon You shall be wed for ever more At the first light of early dawn, As soon as you’ve embarked on your… For that’s the way that love is born. Pay me next time. I reassure My clients: all you hear is gain. You’ll need to cross the Bridge of Pain That’s also called Le Pont du Nord.’ I asked if anyone could say Where I might find the Pont du Nord. Some said: it’s half the world away, Some said: it’s down the corridor. The snow just fell without a thought. I saw the bridge in misty guise: No handrail, no police report, It skimmed the river and the skies. The wind was like a man insane: The compass-points were all assailed. The snow was melting into rain, By which your bones are truly chilled. The flesh is promised to the tomb. Did the girl see by any chance A sign that let her glimpse the doom Of brides in sad mésalliance? That’s now beyond our competence.
Published in Journal of the London Institute of Pataphysics, 2020.

Translation: Copyright © Timothy Adès

More poems by Pierre Mac Orlan...

Tears fall in my heart

Il pleure dans mon cœur

Paul Verlaine (1844-96)

Il pleure dans mon cœur
Il pleure dans mon cœur Comme il pleut sur la ville; Quelle est cette langueur Qui pénètre mon cœur? Ô bruit doux de la pluie Par terre et sur les toits! Pour un cœur qui s’ennuie Ô le bruit de la pluie! Il pleure sans raison Dans ce cœur qui s’écœure. Quoi! nulle trahison? … Ce deuil est sans raison. C’est bien la pire peine De ne savoir pourquoi Sans amour et sans haine, Mon cœur a tant de peine.
Tears fall in my heart
Tears fall in my heart Like rain on the town; What lassitude hurts And pierces my heart? Sweet sound of the rain On the roofs and the ground! For a heart in dull pain The sound of the rain! Tears fall without reason Distressing my heart. What! Is there not treason?... This grief has no reason. Of pain the worst part Is not knowing why Without love or hate Such pain in my heart.

Translation: Copyright © Timothy Adès

More poems by Paul Verlaine...

Epitaph

Épitaphe

Paul Scarron (1610-60)

Épitaphe
Celui qui ci maintenant dort Fit plus de pitié que d’envie, Et souffrit mille fois la mort Avant que de perdre la vie. Passant, ne fais ici de bruit, Prends garde qu’aucun ne l’éveille; Car voici la première nuit Que le pauvre Scarron sommeille.
Epitaph
A sleepyhead here is laid: He was much less envied than pitied, who a thousand times over was dead, before of his life he was quitted. So don't make a sound as you pass: don't waken him, don't molest: tonight's the first time, alas, that Scarron has had a good rest.

Translation: Copyright © Timothy Adès

More poems by Paul Scarron...