I Said to my Heart

J'ai dit à mon coeur

ALFRED DE MUSSET (1810-57)

J'ai dit à mon coeur
J'ai dit à mon cœur, à mon faible cœur : N'est-ce point assez d'aimer sa maîtresse ? Et ne vois-tu pas que changer sans cesse, C'est perdre en désirs le temps du bonheur ? Il m'a répondu : Ce n'est point assez, Ce n'est point assez d'aimer sa maîtresse ; Et ne vois-tu pas que changer sans cesse Nous rend doux et chers les plaisirs passés ? J'ai dit à mon cœur, à mon faible cœur : N'est-ce point assez de tant de tristesse ? Et ne vois-tu pas que changer sans cesse, C'est à chaque pas trouver la douleur ? Il m'a répondu : Ce n'est point assez, Ce n'est point assez de tant de tristesse ; Et ne vois-tu pas que changer sans cesse Nous rend doux et chers les chagrins passés ?
I Said to my Heart
I said to my heart, my heart so weak, ‘Is it not enough to love one’s mistress, And do you not see, when change is ceaseless, We lose in yearning the bliss we seek ? It is not enough,’ said my heart so weak, It is not enough to love one’s mistress, And do you not see, when change is ceaseless, Past joys are made sweeter and mild and meek ? I said to my heart, my heart so weak, Is it not enough to have so much sadness, And do you not see, when change is ceaseless, Our sorrow is new, every day of the week? It is not enough,’ said my heart so weak, It is not enough to have so much sadness, And do you not see, when change is ceaseless, Past griefs are made sweeter and mild and meek.’
A jazz version, an urgent version, a thoughtful version...

Translation: Copyright © Timothy Adès

More poems by ALFRED DE MUSSET...

Thoughts of Byron ~ Elegy

Pensée de Byron ~ Élégie

Gérard de Nerval (1808-55)

Pensée de Byron ~ Élégie
Par mon amour et ma constance, J’avais cru fléchir ta rigueur, Et le souffle de l’espérance Avait pénétré dans mon cœur ; Mais le temps, qu’en vain je prolonge, M’a découvert la vérité, L’espérance a fui comme un songe… Et mon amour seul m’est resté ! Il est resté comme un abîme, Entre ma vie et le bonheur, Comme un mal dont je suis victime, Comme un poids jeté sur mon cœur ! Pour fuir le piège où je succombe, Mes efforts seraient superflus ; Car l’homme a le pied dans la tombe, Quand l’espoir ne le soutient plus. J’aimais à réveiller la lyre, Et souvent, plein de doux transports, J’osais, ému par le délire, En tirer de tendres accords. Que de fois, en versant les larmes, J’ai chanté tes divins attraits ! Mes accents étaient pleins de charmes, Car c’est toi qui les inspirais. Ce temps n’est plus, et le délire Ne vient plus animer ma voix ; Je ne trouve point à ma lyre Les sons qu’elle avait autrefois. Dans le chagrin qui le dévore, Je vois mes beaux jours s’envoler ; Si mon œil étincelle encore, C’est qu’une larme va couler ! Brisons la coupe de la vie ; Sa liqueur n’est que du poison ; Elle plaisait à ma folie, Mais elle enivrait ma raison. Trop longtemps épris d’un vain songe, Gloire ! amour ! vous eûtes mon cœur : O Gloire ! tu n’es qu’un mensonge ; Amour ! tu n’es point le bonheur !
Thoughts of Byron ~ Elegy
I thought my love and constancy Might cause your rigour to relent. The breeze of sweet expectancy Had stirred my deepest sentiment. I let the wasteful months run on Till they revealed the truth to me: My hope’s a dream that’s lost and gone, Only my love remains to me. My love remains, a cleft profound Between my life and my content, An agony, a victim’s wound, My spirit’s gross impediment. I’m in the snare and must succumb, For all exertions are in vain: A man has one foot in the tomb, When hope is lacking to sustain. I loved to re-awake the lyre, And often full of reveries I dared, excited by desire, To bid it play soft harmonies; And often bitterly I wept Singing your qualities divine, Enchantments of a love-adept, For you inspired those tones of mine. Those days have vanished now; desire No longer stirs this voice to sing; Nor can it conjure on my lyre Notes of our past, re-echoing. I see my days of bliss in flight As gnawing sorrow takes its toll; And if my eye is sparkling bright, Know that a tear prepares to fall. Dash down life’s cup: one bane the less! Its liquor is the merest poison. Though it has pleased my wilfulness, It maddened, with its fumes, my reason. Too long in futile dreams’ duress (Glory and Love!) my heart was pent; But, Glory, you are fraudulent, And, Love, you are not happiness.

Translation: Copyright © Timothy Adès

More poems by Gérard de Nerval...

From Ramsgate to Antwerp

De Ramsgate à Anvers

Gérard de Nerval (1808-55)

De Ramsgate à Anvers
À cette côte anglaise J’ai donc fait mes adieux Et sa blanche falaise S’efface au bord des cieux! Que la mer me sourie! Plaise aux dieux que je sois Bientôt dans ta patrie, Ô grand maître anversois! Rubens! à toi je songe, Seul peut–être et pensif Sur cette mer où plonge Notre fumeux esquif. Histoire et poésie, Tout me vient à travers Me mémoire saisie Des merveilles d’Anvers. Cette mer qui sommeille Est belle comme aux jours, Où, riante et vermeille, Tu la peuplais d’Amours. Ainsi ton seul génie, Froid aux réalités, De la mer d’Ionie Lui prêtait les clartés, Lorsque la nef dorée Amenait autrefois Cete reine adorée Qui s’unit aux Valois, Fleur de la Renaissance, Honneur de ses palais, — Qu’attendait hors la France Le coupe–tête anglais! Mais alors sa fortune Bravait tous les complots, Et la cour de Neptune La suivait sur les flots. Tes grasses Néréides Et tes Tritons pansus S’accoudaient tout humides Sur les dauphins bossus. L’Océan qui moutonne Roulait dans ses flots verts La gigantesque tonne Du Silène d’Anvers, Pour ta Flandre honorée Son nourrisson divin À sa boisson ambrée Donna l’ardeur du vin! — Des cieux tu fis descendre Vers ce peuple enivré, Comme aux fêtes de Flandre, L’Olympe en char doré, Joie, amour et délire, Hélas! trop expiés! Les rois sur la navire Et les dieux à leurs pieds! — Adieu, splendeur finie D’un siècle solennel! Mais toi seul, ô génie! Tu restes éternel.
From Ramsgate to Antwerp
To the far English coast I’ve said my goodbyes. Its white cliffs are lost at the brink of the skies. Smile, waves! and gods, grant we’re p– arked soon on the strand, at anchor at Antwerp, in Rubens’s land! This lugger is pitching, and rolling, and stinking. I’m skulking, and retching: yet of you, sir, I’m thinking! By the past I’m inspired, by verse, and your canvas; my memory’s fired by the marvels of Anvers. They laughed and they shone, those somnolent waves, that in days dead and gone you peopled with Loves. A genius alone, you disdained what was true, put the seas of Ionia, so bright and so blue. In a gilded careen she came alongside, the darling Scots queen, for the Dauphin, a bride. A flower of learning, a court of renown: then England, returning an axe for a crown. At first her good fortune survived every snare: by courtiers of Neptune the glass was set fair. Your Tritons paunch–tumid, your sea-nymphs well–stacked, were lounging all humid on dolphins round–backed. The sea–god’s retainers let the green frothing sea roll to the Scheldt, for Silenus, a very big barrel. He honoured your Anvers with liquors divine, to her brewmaster’s ambers gave courage of wine! To the Flemish Kermesse you brought down Olympus in a golden calèche on a heavenly nimbus. Joy, love, and the revel, more bitter than sweet: twin crowns on the vessel, the gods at their feet! Farewell to past splendours And pageant of years. Great master of Flanders, Your genius endures!
[caption id="attachment_2743" align="alignleft" width="306"]Maria de' Medici arriving at Marseille Nerval imagines a Rubens picture like this actual one of Maria de' Medici arriving at Marseille in 1600 (in Rubens's lifetime) to be Queen of France.[/caption]

Translation: Copyright © Timothy Adès

More poems by Gérard de Nerval...

O When I Sleep

O quand je dors

Victor Hugo (1802-85)

O quand je dors
Oh! quand je dors, viens auprès de ma couche, Comme à Pétrarque apparaissait Laura, Et qu’en passant ton haleine me touche… — Soudain ma bouche S’entr’ouvrira! Sur mon front morne où peut–être s’achève Un songe noir qui trop longtemps dura, Que ton regard comme un astre se lève… — Soudain mon rêve Rayonnera! Puis sur ma lèvre où voltige une flamme, Eclair d’amour que Dieu même épura, Pose un baiser, et d’ange deviens femme… — Soudain mon âme S’éveillera!
O When I Sleep
O when I sleep, come near my couch, as once to Petrarch Laura came: I’ll feel your dear breath’s passing touch and with a start my lips shall part! On my sad brow, where for a time some dismal thought too long delays, release the moonrise of your gaze: a starry gleam shall grace my dream! Then on my lip shall dance a flame, the light of love, God’s benefice: angel turned woman, place a kiss … in two sweet shakes, my soul awakes!
Franz Liszt's music: huge choice of singers on YouTube! German text also by Peter Cornelius: https://www.lieder.net/lieder/get_text.html?TextId=19276

Translation: Copyright © Timothy Adès

More poems by Victor Hugo...

The Lake

Le lac

Alphonse de Lamartine (1790-1869)

Le lac
Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages, Dans la nuit éternelle emportés sans retour, Ne pourrons-nous jamais sur l'océan des âges Jeter l'ancre un seul jour ? Ô lac ! l'année à peine a fini sa carrière, Et près des flots chéris qu'elle devait revoir, Regarde ! je viens seul m'asseoir sur cette pierre Où tu la vis s'asseoir ! Tu mugissais ainsi sous ces roches profondes, Ainsi tu te brisais sur leurs flancs déchirés, Ainsi le vent jetait l'écume de tes ondes Sur ses pieds adorés. Un soir, t'en souvient-il ? nous voguions en silence ; On n'entendait au loin, sur l'onde et sous les cieux, Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence Tes flots harmonieux. Tout à coup des accents inconnus à la terre Du rivage charmé frappèrent les échos ; Le flot fut attentif, et la voix qui m'est chère Laissa tomber ces mots : " Ô temps ! suspends ton vol, et vous, heures propices ! Suspendez votre cours : Laissez-nous savourer les rapides délices Des plus beaux de nos jours ! " Assez de malheureux ici-bas vous implorent, Coulez, coulez pour eux ; Prenez avec leurs jours les soins qui les dévorent ; Oubliez les heureux. " Mais je demande en vain quelques moments encore, Le temps m'échappe et fuit ; Je dis à cette nuit : Sois plus lente ; et l'aurore Va dissiper la nuit. " Aimons donc, aimons donc ! de l'heure fugitive, Hâtons-nous, jouissons ! L'homme n'a point de port, le temps n'a point de rive ; Il coule, et nous passons ! " Temps jaloux, se peut-il que ces moments d'ivresse, Où l'amour à longs flots nous verse le bonheur, S'envolent loin de nous de la même vitesse Que les jours de malheur ? Eh quoi ! n'en pourrons-nous fixer au moins la trace ? Quoi ! passés pour jamais ! quoi ! tout entiers perdus ! Ce temps qui les donna, ce temps qui les efface, Ne nous les rendra plus ! Éternité, néant, passé, sombres abîmes, Que faites-vous des jours que vous engloutissez ? Parlez : nous rendrez-vous ces extases sublimes Que vous nous ravissez ? Ô lac ! rochers muets ! grottes ! forêt obscure ! Vous, que le temps épargne ou qu'il peut rajeunir, Gardez de cette nuit, gardez, belle nature, Au moins le souvenir ! Qu'il soit dans ton repos, qu'il soit dans tes orages, Beau lac, et dans l'aspect de tes riants coteaux, Et dans ces noirs sapins, et dans ces rocs sauvages Qui pendent sur tes eaux. Qu'il soit dans le zéphyr qui frémit et qui passe, Dans les bruits de tes bords par tes bords répétés, Dans l'astre au front d'argent qui blanchit ta surface De ses molles clartés. Que le vent qui gémit, le roseau qui soupire, Que les parfums légers de ton air embaumé, Que tout ce qu'on entend, l'on voit ou l'on respire, Tout dise : Ils ont aimé !
The Lake
Forever swept to unknown shores away, Propelled through endless night implacably, Shall we not once on time’s primeval sea Drop anchor for a day? O Lake! a year is over. On this stone, By these dear waves she should have viewed again, Before you she was seated. I remain, And sit to-day alone. Just so, beneath these plunging cliffs, you roared, And dashed yourself against their jagged walls; Your wind-blown foam fell then, where now it falls, Here on her feet adored. Recall how we set out, one silent eve: Nothing was heard between the waves and sky, But noise of oars that stroked in harmony The skein your waters weave. Then, suddenly, to tones no mortals hear The echoes on the spellbound shores awoke: The flood gave heed; across the water spoke The voice that I hold dear:- “Time, halt in your flight, and you hours, as a favour, Stop short and stand still in your ways! Since pleasures are fleeting, let’s eagerly savour Our best and most beautiful days! “For the wretches who suffer, run swiftly, you hours; They are many, and this they implore: Put an end to their days, and their care that devours; But the happy, I bid you ignore! “For myself, I may crave a few moments - but no, Time gives me the slip, takes flight: I may say to the night, ‘Go slow, go slow’, But the dawn will scatter the night. “So to Love! Let us love! Seize the wings of the morn, And delight in the scurrying day! For Man has no haven, and Time has no bourn: Time flies, and we vanish away!” Time, jealous Time! In bursts of giddy joy, Love inundates us with great happiness; Do these a faster wayward flight employ Than days of wretchedness? What? Can we not pin down at least a trace? What? Lost entirely? Gone for evermore? Time gave, and Time is minded to efface; And shall not Time restore? Dark gulfs, eternity, the past, the void! You swallow down our days; and what’s their fate? Will you give back what you have once destroyed, Our bliss, divinely great? O Lake! Mute rocks and caves! Dim greenery! Which Time shall spare, or render young again: Natural Beauty! Guard this night for me, Remember, and retain. Both in your tempests let this memory dwell, Fair lake, and in your calm; your slopes that smile, And the black firs and, high above your swell, The louring rocky pile; And in your tremulous and fleeting breeze, Your shore-sound that your further shore relays; And the star silver-browed, whose clarities Give whiteness to your glaze; And moaning wind, and softly sighing reed, Light perfumes, on your balmy zephyrs moved; And everything that’s heard, or seen, or breathed: All this shall say “They loved!”
Poetry Atlas: online [Video in French: https://www.youtube.com/watch?v=Pqq-BjyRqiM]

Translation: Copyright © Timothy Adès

More poems by Alphonse de Lamartine...

The Women of Weinsberg

Die Weiber von Weinsberg

Adelbert von Chamisso (1781-1838)

Die Weiber von Weinsberg
Der erste Hohenstaufen, der König Konrad lag Mit Heeresmacht vor Winsperg seit manchem langen Tag. Der Welfe war geschlagen, noch wehrte sich das Nest, Die unverzagten Städter, die hielten es noch fest. Der Hunger kam, der Hunger! das ist ein scharfer Dorn! Nun suchten sie die Gnade, nun trafen sie den Zorn: „Ihr hab mir hier erschlagen. gar manchen Degen wert, Und öffnet ihr die Tore, so trifft euch doch das Schwert.“ Da sind die Weiber kommen: „Und muss es also sein, Gewährt uns freien Abzug, wir sind vom Blute rein. “Da hat sich vor den Armen des Helden Zorn gekühlt, Da hat ein sanft Erbarmen im Herzen er gefühlt. „Die Weiber mögen abziehn und jede habe frei, Was sie vermag zu tragen und ihr das Liebste sei; Lasst ziehn mit ihrer Bürde sie ungehindert fort, Das ist des Königs Meinung, das ist des Königs Wort.“ Und als der frühe Morgen im Osten kam gegraut, Da hat ein seltnes Schauspiel vom Lager man geschaut; Es öffnet leise, leise sich das bedrängte Tor, Es schwankt ein Zug von Weibern mit schwerem Schritt hervor. Tief beugt die Last sie nieder, die auf dem Nacken ruht, Sie tragen ihre Eh’herrn, das ist ihr liebstes Gut. „Halt an die argen Weiber!“, ruft drohend mancher Wicht; - Der Kanzler spricht bedeutsam: „Das war die Meinung nicht." Da hat, wie er’s vernommen, der fromme Herr gelacht: „Und war es nicht die Meinung, sie haben’s gut gemacht; Gesprochen ist gesprochen, das Königswort besteht, Und zwar von keinem Kanzler zerdeutelt und zerdreht.“ So war das Gold der Krone wohl rein und unentweiht. Die Sage schallt herüber aus halbvergessner Zeit. Im Jahr elfhundert vierzig, wie ich’s verzeichnet fand, Galt Königswort noch heilig im deutschen Vaterland.
The Women of Weinsberg
First of the Hohenstaufen, the bold King Conrad lay Encamped in force at Weinsberg for many a weary day. The Guelph he had defeated; this eyrie still gave fight; The burghers kept their courage, and held the fortress tight. Came hunger then, came hunger, that sharp and painful thorn; They came to him for mercy, and found his rage and scorn. ‘Ye’ve slain full many a gallant; expect your just reward; ‘Tis vain your gates to open; your portion is the sword’. Then came to him the women: ‘And if it must be so, Guiltless are we of slaughter; then let us freely go.’ And when he heard their pleading, the hero’s rage was quelled; Instead within his bosom a soft compassion swelled. ‘The women have safe conduct, and each may carry free Whatever she can shoulder that dear to her may be. Let them proceed unhindered, and bear away their load; So let it be, for such is our royal will and word!’ And as the early morning rose in the East so grey, Strange was the scene they witnessed, who in the siege-camp lay: From that beleaguered gateway that slowly opened wide, A swaying line of women came forth with heavy stride. The load their necks supported, it bent them to the ground: They bore away their husbands, the dearest thing they owned. ‘Arrest the caitiff women!’- harsh cries and threats were heard; ‘This never was intended!’ the chancellor averred. He smiled when he beheld it, the just and pious King; ‘Perhaps I never willed it, yet here’s a noble thing! A promise is a promise; the royal word holds good, By chancellors not ever misprised or misconstrued.’ And so the royal crown of gold was pure and undefiled: The year, eleven forty, by our chroniclers compiled. From half-forgotten ages still we hear the story ring: Sacred in German homeland was the promise of a King.

Translation: Copyright © Timothy Adès

More poems by Adelbert von Chamisso...

I was an Infant

Categories
French

I was an Infant

ANDRÉ CHÉNIER (1762-94)

J’étais un faible enfant qu’elle était grande et belle. Elle me souriait et m’appelait près d’elle. Debout sur ses genoux, mon innocente main Parcourait ses cheveux, son visage, son sein, Et sa main quelquefois, aimable et caressante, Feignait de châtier mon enfance imprudente. C’est devant ses amants, auprès d’elle confus, Que la fière beauté me caressait le plus. Que de fois (mais, hélas! que sent-on à cet âge?) Les baisers de sa bouche ont pressé mon visage! Et les bergers disaient, me voyant triomphant: - Oh! que de biens perdus! ô trop heureux enfant!
I was an Infant
I was an infant: she, a full-blown rose! She smiled at me, and called me to come close. I stood upon her knees, and, guiltless, pressed With roving hand her hair, her face, her breast; And, many times, her own hand’s sweet caress Feigned to rebuke my childish recklessness. When her admirers, all abashed, stood by, She, proud and fair, caressed more eagerly. How often (what was I to feel, alas, So young?) her lips with kisses touched my face! The rustic lads looked on: I crowed and smiled: “Ah, what a waste!” they cried; “ah, lucky child!”

Translation: Copyright © Timothy Adès

More poems by ANDRÉ CHÉNIER...

The King in Thule

Der König in Thule

Johann Wolfgang von Goethe (1749-1832)

Der König in Thule
Es war ein König in Thule, Gar treu bis an das Grab, Dem sterbend seine Buhle einen goldnen Becher gab. Es ging ihm nichts darüber, Er leert' ihn jeden Schmaus; Die Augen gingen ihm über, So oft er trank daraus. Und als er kam zu sterben, Zählt' er seine Städt' im Reich, Gönnt' alles seinen Erben, Den Becher nicht zugleich. Er saß beim Königsmahle, Die Ritter um ihn her, Auf hohem Vätersaale, Dort auf dem Schloß am Meer. Dort stand der alte Zecher, Trank letzte Lebensglut, Und warf den heiligen Becher Hinunter in die Flut. Er sah ihn stürzen, trinken Und sinken tief ins Meer, die Augen täten ihm sinken, Trank nie einen Tropfen mehr.
The King in Thule
There was a King in Thule Was faithful to the grave, To whom his dying consort A golden beaker gave. He valued nothing higher, At each meal drained the cup; His eyes were brimming over Each time he picked it up. When death was stealing on him, His kingdom’s towns he told; Gave all to his successor, Except the cup of gold. He sat at royal banquet With knightly company In the high hall ancestral, The castle by the sea. Up stood the old imbiber And drained life’s final glow, And hurled the blessed beaker Into the waves below. He saw it falling, filling, And sinking in the sea; Down sank his eyes; and never Another drop drank he.
The poem was set to music by Schubert, Schumann, Berlioz, Liszt, Gounod, Massenet and many others.

Translation: Copyright © Timothy Adès

More poems by Johann Wolfgang von Goethe...

Song

Chanson

Pierre Corneille (1606-84)

Chanson
Si je perds bien des maîtresses, J’en fais encor plus souvent, Et mes voeux et mes promesses Ne sont que feintes caresses, Et mes voeux et mes promesses Ne sont jamais que du vent. Quand je vois un beau visage, Soudain je me fais de feu, Mais longtemps lui faire hommage, Ce n’est pas bien mon usage, Mais longtemps lui faire hommage, Ce n’est pas bien là mon jeu. J’entre bien en complaisance Tant que dure une heure ou deux, Mais en perdant sa présence Adieu toute souvenance, Mais en perdant sa présence Adieu soudain tous mes feux. Plus inconstant que la lune Je ne veux jamais d’arrêt; La blonde comme la brune En moins de rien m’importune, La blonde comme la brune En moins de rien me déplaît. Si je feins un peu de braise, Alors que l’humeur m’en prend, Qu’on me chasse ou qu’on me baise, Qu’on soit facile ou mauvaise, Qu’on me chasse ou qu’on me baise, Tout m’est fort indifférent. Mon usage est si commode, On le trouve si charmant, Que qui ne suit ma méthode N’est pas bien homme à la mode, Que qui ne suit ma méthode Passe pour un Allemand.
Song
I lose many mistresses, Gain more, to spare. My vows and my promises, Kisses, just ruses: My vows and my promises, Wind, light as air. I see a sweet visage, I’m quickly aflame But drawing out homage Just isn’t my usage, But drawing out homage Just isn’t my game. I’ll join in complaisance For one or two hours, But losing her presence It’s bye-bye remembrance, But losing her presence, Farewell all my fires. I’m a moon of no constance, I don’t stop or stall, Brunettance or blondance I feel no repugnance, Brunettance or blondance, Reluctance, at all. I act a bit steamy When feeling inclined: They shoo me or woo me, Turn dreadful or dreamy, They shoo me or woo me, I simply don’t mind. So neat is my custom They all find it charming. Rejecting my system You’ve no savoir faire, man, Rejecting my system You’d pass for a German.

Translation: Copyright © Timothy Adès

More poems by Pierre Corneille...

Battus, Ergastus cried:

Batto, qui pianse Ergasto

Giambattista Marino

Set to music by Monteverdi.
Batto, qui pianse Ergasto
“Batto, qui pianse Ergasto, ecco la riva ove, mentre seguia cerva fugace, fuggendo Clori il suo pastor seguace, non so se più seguiva o se fuggiva. Deh, mira! — egli dicea — se fugitiva fera pur saettar tanto ti piace, saetta questo cor che soffre in pace le piaghe, anzi ti segue e non le schiva. Lasso, non m’odi?” E qui tremante e fioco e tacque e giacque. A questi ultimi accenti l’empia si volse e rimirollo un poco. Allor di nove Amor fiamme cocenti l’accese. Or chi dirà che non sia foco l’umor che cade da due lumi ardenti?
Battus, Ergastus cried:
Battus, Ergastus cried: this is the hollow where the fair Chloris chased the fleeing doe, and fled her chasing swain: nor do I know if she strove more to flee, or more to follow. ‘Look!’ he exclaimed. ‘You take such joy in hunting the flitting hart: you shoot it as you please: then shoot my heart! It bears its wounds in peace, even pursues you, careless of the wounding. You do not hear me out!’ Dry–lipped and shaking, here he fell down, and lay, no longer speaking. She, cruel, briefly turned on him her eyes. Love with new searing flames set him alight. A humour spills from two eyes burning bright: a humour, which is fire, as none denies.

Translation: Copyright © Timothy Adès

More poems by Giambattista Marino...