Song

Chanson

Pierre Corneille (1606-84)

Chanson
Si je perds bien des maîtresses, J’en fais encor plus souvent, Et mes voeux et mes promesses Ne sont que feintes caresses, Et mes voeux et mes promesses Ne sont jamais que du vent. Quand je vois un beau visage, Soudain je me fais de feu, Mais longtemps lui faire hommage, Ce n’est pas bien mon usage, Mais longtemps lui faire hommage, Ce n’est pas bien là mon jeu. J’entre bien en complaisance Tant que dure une heure ou deux, Mais en perdant sa présence Adieu toute souvenance, Mais en perdant sa présence Adieu soudain tous mes feux. Plus inconstant que la lune Je ne veux jamais d’arrêt; La blonde comme la brune En moins de rien m’importune, La blonde comme la brune En moins de rien me déplaît. Si je feins un peu de braise, Alors que l’humeur m’en prend, Qu’on me chasse ou qu’on me baise, Qu’on soit facile ou mauvaise, Qu’on me chasse ou qu’on me baise, Tout m’est fort indifférent. Mon usage est si commode, On le trouve si charmant, Que qui ne suit ma méthode N’est pas bien homme à la mode, Que qui ne suit ma méthode Passe pour un Allemand.
Song
I lose many mistresses, Gain more, to spare. My vows and my promises, Kisses, just ruses: My vows and my promises, Wind, light as air. I see a sweet visage, I’m quickly aflame But drawing out homage Just isn’t my usage, But drawing out homage Just isn’t my game. I’ll join in complaisance For one or two hours, But losing her presence It’s bye-bye remembrance, But losing her presence, Farewell all my fires. I’m a moon of no constance, I don’t stop or stall, Brunettance or blondance I feel no repugnance, Brunettance or blondance, Reluctance, at all. I act a bit steamy When feeling inclined: They shoo me or woo me, Turn dreadful or dreamy, They shoo me or woo me, I simply don’t mind. So neat is my custom They all find it charming. Rejecting my system You’ve no savoir faire, man, Rejecting my system You’d pass for a German.

Translation: Copyright © Timothy Adès

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