Un Jour Qu’il Faisait Nuit
Robert Desnos (1900-45)
Un Jour Qu’il Faisait Nuit
Il s’envola au fond de la rivière.
Les pierres en bois d’ébène, les fils de fer en or et la
croix sans branche.
Tout rien.
Je la hais d’amour comme tout un chacun.
Le mort respirait de grandes bouffées de vide.
Le compas traçait des carrés
et des triangles à cinq côtés.
Après cela il descendit au grenier.
Les étoiles de midi resplendissaient.
Le chasseur revenait carnassière pleine de poissons
Sur la rive au milieu de la Seine.
Un ver de terre marque le centre du cercle
sur la circonférence.
En silence mes yeux prononcèrent un bruyant discours.
Alors nous avancions dans une allée déserte où se
pressait la foule.
Quand la marche nous eut bien reposé
nous eûmes le courage de nous asseoir
puis au réveil nos yeux se fermèrent
et l’aube versa sur nous les réservoirs de la nuit.
La pluie nous sécha.One Day When It Was Night
He flew off to the bottom of the river.
Stones of ebony wood, steel wires of gold, a cross with no
cross-piece.
All nothing.
I hate her with a love like just anyone.
The dead man breathed great gulps of emptiness.
The compass traced squares and triangles with five sides.
After that he went down into the loft.
The midday stars were shining.
The hunter returned, his game-bag full of fish
On the bank in the middle of the Seine.
An earthworm marks the centre of the circle
on the circumference.
In silence my eyes uttered a noisy speech.
Then we moved up a deserted avenue where people were
thronging.
When marching had given us a good rest
we had the courage to sit down
then as we woke our eyes closed
and dawn poured on us the reservoirs of night.
The rain dried us.
‘Robert Desnos, Surrealist, Lover, Resistant’, Arc Publications
Translation: Copyright © Timothy Adès