From Les Ailes Rouges de la Guerre
Émile Verhaeren (1855-1916)
From Les Ailes Rouges de la Guerre
Les roses de l’été — couleur, parfum et miel —
Peuplent l’air diaphane;
Mais la guerre parsème effrayamment le ciel
De grands aéroplanes.
Ils s’envolent si haut qu’on ne les entend pas
Vrombir dans la lumière
Et que l’ombre qu’ils allongent de haut en bas
S’arrête avant la terre.
L’aile courbe et rigide et le châssis tendu,
Ils vont, passent et rôdent,
Et promènent partout le danger suspendu
De leur brusque maraude.
Ceux des villes les regardant virer et fuir
Ne distinguent pas même
Sur leur avant d’acier ou sur leur flanc de cuir
Leur marque ou leur emblème.
On crie, — et nul ne sait quelle âme habite en eux,
Ni vers quel but de guerre
Leur vol tout à la fois sinistre et lumineux
Dirige son mystère.
Ils s’éloignent soudain dans la pleine clarté,
Dieu sait par quelle voie,
En emportant l’affre et la peur de la cité
Pour butin et pour proie.Premieres Aéroplanes
Honey, colours, aromas of roses of summer:
Bright breeze’s refrains.
But war sows the sky with the fearsome yammer
Of great aeroplanes.
They fly up so high and they thrum in the light
Yet we hear no sound
And their shadow stretching down from a height
Never reaches the ground.
With chassis outstretched, with curved rigid wing
They circle and prowl,
And wherever they go they hang threatening
With their evil patrol.
City people watching them scamper and wheel
Cannot even descry
On their leather flank or their nose of steel
An identity.
Though we shout, no–one knows who is riding unseen,
Or to what warlike ends
The luminous flight of the hellish machine
Inscrutably tends.
And all at once in broad daylight they’ve fled,
God knows by which way,
Making off with the city’s terror and dread,
Their booty, their prey.
Published in Agenda 2014.Translation: Copyright © Timothy Adès