British India

British India

Henry Levet (1874-1906)

British India
À Rudyard Kipling Les bureaux ferment à quatre heures à Calcutta; Dans le park du palais s’émeut le tennis ground; Dans Eden Garden grince la musique épicée des Cipayes; Les equipages brillants se saluent sur le Red Road... Sur son trône d’or, étincelant de rubis et d’émeraudes, S.A. le Maharadjah de Kapurthala Regrette Liane de Pougy et Cléo de Mérode Dont les photographies dédicacées sont là... — Bénarès, accroupie, rêve le long du fleuve; La Brahmane, candide, lassé des épreuves, Repose vivant dans l’abstraction parfumée... — A Lahore, par 120 degrés Fahrenheit, Les docteurs Grant et Perry font un match de cricket, — Les railways rampant dans la jungle ensoleillée.
British India
To Rudyard Kipling At four, Calcutta’s offices are shut. Excitement at the Palace tennis-court. In Eden Gardens, spice of sepoy band. On the Red Road, smart landaus meet and greet. Enthroned in rubies, emeralds, and gold, The Maharajah of Kapurthala Thinks ruefully of Pougy and Mérode, Whose inscribed portrait photographs he holds. Benares dreams, crouched at the riverside; The Brahmin, candid, weary of his tests, Lives in his perfumed abstract thoughts, and rests. Lahore is at one-twenty Fahrenheit: There’s cricket, Dr Perry, Dr Grant. Through sun-drenched jungles, railway-trains advance.

Translation: Copyright © Timothy Adès

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If all the world’s lasses

Si toutes les filles du monde

Paul Fort (1872-1960)

Si toutes les filles du monde
Si toutes les filles du monde voulaient se donner la main, Tout autour de la mer, elles pourraient faire une ronde. Si tous les gars du monde voulaient bien être marins, Ils feraient avec leurs barques, un joli pont sur l’onde. Alors on pourrait faire une ronde tout autour du monde, Si tous les gens du monde voulaient se donner la main.
If all the world’s lasses
If all the world’s lasses Joined up hand in hand They could dance round the sea In a ring on dry land. If all the world’s lads Would sail out on the sea, A bridge over water Their vessels would be. And so we could make A ring round every land If all of the people Joined up hand in hand.

Translation: Copyright © Timothy Adès

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(From) Christmas Marching Song

Paul Claudel (1868-1955)

Translated by Timothy Adès

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Le Cid

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Le Cid

GEORGES FOUREST (1867-1945)

Le palais de Gormaz, comte et gobernador, est en deuil : pour jamais dort couché sous la pierre l'hidalgo dont le sang a rougi la rapière de Rodrigue appelé le Cid Campeador. Le soir tombe. Invoquant les deux saints Paul et Pierre Chimène, en voile noire, s'accoude au mirador et ses yeux dont les pleurs ont brûlé la paupière regarde, sans rien voir, mourir le soleil d'or... Mais un éclair, soudain, fulgure en sa prunelle : sur la plaza Rodrigue est debout devant elle ! Impassible et hautain, drapé dans sa capa, le héros meurtrier à pas lents se promène : - Dieu! soupire à part soi la plaintive Chimène, qu'il est joli garçon l'assassin de Papa !
Le Cid
There is death at Count Gormaz the Governor’s hall: beneath the cold capstone for ever is laid the hidalgo whose blood has just reddened the blade of Rodrigo the Cid, greatest champ of them all. Black-draped on the mirador – evening must fall – Chimène is entreating Saints Peter and Paul. Her eyes are all fiery with tears as she prays: she watches, unseeing, the last golden rays. But suddenly lightning has flashed in her face! In his cape in the plaza below her he stands, impassive and haughty, with blood on his hands! The hero goes strolling at moderate pace, and Chimène turns aside to sigh wistfully, “La! What a good-looking fellow has butchered papa!”

Translation: Copyright © Timothy Adès

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Contrerimes

Contrerimes

Paul-Jean Toulet (1867-1920)

Contrerimes
En Arles Dans Arles, où sont les Aliscans, Quand l’ombre est rouge, sous les roses, Et clair le temps, Prends garde à la douceur des choses. Lorsque tu sens battre sans cause Ton coeur trop lourd; Et que se taisent les colombes: Parle tout bas, si c’est d’amour, Au bord des tombes. *** Toute allégresse a son défaut Et se brise elle-même. Si vous voulez que je vous aime; Ne riez pas trop haut. C'est à voix basse qu'on enchante Sous la cendre d'hiver Ce coeur, pareil au feu couvert, Qui se consume et chante.
Contrerimes
The Alyscamps Sunshine, rose-shade, sweetness, take note: your heavy heart senselessly booms. Silent, the dove. Speak low of love amid the tombs. All joys are flawed And fall apart. Don’t laugh too loud: Rouse my desire. Softly inspire, Singing under Winter’s cinders Like covered fire, A burning heart.

Translation: Copyright © Timothy Adès

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Fantasio

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Fantasio

André Bellessort (1866-1942)

La mort t'ayant surpris en travesti de bal, Pauvre Fantasio, de folles jeunes filles Te firent un linceul de leurs blanches mantilles, Et tu fus enterré le soir du carnaval. Sous un léger brouillard du ciel occidental Le mardi gras folâtre éparpillait ses trilles, Et ton glas, voltigeant sur de lointains quadrilles, Détachait dans la nuit ses notes de cristal. Des coins du corbillard le feu des girandoles Éclairait tout un chœur d'étranges farandoles. Nul n'avait pris le temps de revêtir le deuil. Ta rieuse maîtresse avait gardé son masque Et tous faisaient jouer derrière ton cercueil Une marche funèbre à leurs tambours de basque.
Fantasio
Death caught you costumed for the fancy ball. Giddy young women (Poor Fantasio!) lent you their white mantillas for a pall: they buried you, that night of carnival. In the slight vapour of the western sky mad Mardi Gras went frittering its trills; Your death-knell pranced on faraway quadrilles, etched on the night its crystal threnody. The flames of candelabra round the bier lit dancers reeling in an eerie choir. No-one had paused to dress in mourning-gear. Your laughing mistress kept her mask, and all followed your corse and, played, Fantasio, on tambourines, a march funereal.

Translation: Copyright © Timothy Adès

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Christmas, Resigned

NOËL RÉSIGNÉ

Jules Laforgue (1860-87)

NOËL RÉSIGNÉ
Noël! Noël! toujours, sur mes livres, je rêve. Que de jours ont passé depuis l’autre Noël! Comme toute douleur au cœur de l’homme est brève. Non, je ne pleure plus, cloches, à votre appel. Noël! triste Noël! En vain la bonne chère S’étale sous le gaz! il pleut, le ciel est noir, Et dans les flaques d’eau tremblent les réverbères Que tourmente le vent, un vent de désespoir. Dans la boue et la pluie on palpe des oranges, Restaurants et cafés s’emplissent dans le bruit, Qui songe à l’éternel, à l’histoire, à nos fanges? Chacun veut se gaver et rire cette nuit! Manger, rire, chanter, — pourtant tout est mystère - Dans quel but venons-nous sur ce vieux monde, et d’où? Sommes-nous seuls? Pourquoi le Mal? Pourquoi la Terre? Pourquoi l’éternité stupide? Pourquoi tout? Mais non! mais non, qu’importe à la mêlée humaine? L’illusion nous tient! — et nous mène à son port. Et Paris qui mourra faisant trêve à sa peine Vers les cieux éternels braille un Noël encor.
Christmas, Resigned
Nowell! Nowell! At my books, I am dreaming on! How many days have passed since the last Nowell! How brief is every grief in the heart of man. No, I no longer weep at the tolling bell. Christmas! Sad Christmas! The sky is rainy and black. Good cheer spreads large to no purpose under the gas. Reflected in puddles of water, the street-lamps shake, Abused by the wind, a wind of hopelessness. In the mud and the rain there are oranges to squeeze. Who thinks of our filth, of history and the hereafter? Cafés and restaurants wrap themselves up in the noise. What people want tonight is guzzling and laughter. Eat, laugh, and sing – yet all is in mystery furled… From where, and for what, do we come to this old round ball? Are we alone? Why Evil? Why the world? Why idiotic Eternity? Why all? But no, no! What is all that to the tumult of man? We are gripped by illusion, it brings us safe to its shore, And Paris the moribund, calling a truce with her pain, Shouts into the ageless skies one Christmas more.

Translation: Copyright © Timothy Adès

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Versailles

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Versailles

Albert Samain (1858-1900)

Grand air. Urbanité des façons anciennes. Haut cérémonial. Révérences sans fin. Créqui, Fronsac, beaux noms chatoyants de satin. Mains ducales dans les vieilles valenciennes, Mains royales sur les épinettes. Antiennes Des évêques devant Monseigneur le Dauphin. Gestes de menuet et cœurs de biscuit fin; Et ces grâces que l’on disait autrichiennes… Princesses de sang bleu, dont l’âme d’apparat, Des siècles, au plus pur des castes macéra. Grands seigneurs pailletés d’esprit. Marquis de sèvres; Tout un monde galant, vif, brave, exquis et fou, Avec sa fine épée en verrouil, et surtout Ce mépris de la mort, comme une fleur, aux lèvres!
Versailles
Grandeur. Old fashions and their polished grace. High ceremony. Endless curtseying. Exalted names in satin shimmering. Hands ducal edged with antique Flanders lace, Hands royal on spinets. Antiphonies of bishops for Monseigneur le Dauphin, minuet gestures, hearts of biscuit fin, the so-called Austrian urbanities… princesses of blue blood, their dignity steeped in a caste’s historic purity; great nobles graced with wit; fine swords in sheath; porcelain marquesses; a festival, choice, lively, brave, mad, gallant; above all, their lips wear, like a flower, that scorn of death!

Translation: Copyright © Timothy Adès

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Cleopatra

Cléopâtre

Albert Samain (1858-1900)

Cléopâtre
Lourde pèse la nuit au bord du Nil obscur. Cléopâtre, à genoux sous les astres qui brûlent, Soudain pâle, écartant ses femmes qui reculent, Déchire sa tunique en un grand geste impur, Et dresse éperdûment sur la haute terrasse Son corps vierge gonflé d'amour comme un fruit mûr. Toute nue, elle vibre ! Et, debout sous l'azur, Se tord, couleuvre ardente, au vent tiède et vorace. Elle veut — et ses yeux fauves dardent l'éclair – Que le monde ait ce soir le parfum de sa chair ! O sombre fleur du sexe éparse en l'air nocturne… Et le Sphynx immobile aux sables de l'Ennui Sent un feu pénétrer son granit taciturne ; Et le désert immense a remué sous lui.
Cleopatra
Night weighs down heavy on the darkened Nile. Stars burn; pale Cleopatra kneels, and bares her breast: her women, shocked, recoil; she tears her tunic with a gesture grandly vile, and on the lofty terrace flaunts, entire, ripe as a love-blown fruit, her virgin form. She shimmers, nude, uncoiling to the warm devouring wind, a serpent of desire. Dark flower of sex, that rides the breeze of night! To pleasure her (the tawny eyes flash bright) the world shall now her fleshly perfume take… The Sphynx becalmed on ocean monotone feels under him the mighty desert wake, and thrill of fire invade his silent stone.
Published in ‘Cleopatra's Face: Fatal Beauty’ by Michelle Lovric, British Museum Press, 2001.

Translation: Copyright © Timothy Adès

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Resting in Egypt

Le Repos En Egypte

Albert Samain (1858-1900)

Le Repos En Egypte
La nuit est bleue et chaude, et le calme infini… Roulé dans son manteau, le front sur une pierre, Joseph dort, le coeur pur, ayant fait sa prière; Et l’âne à ses côtés est comme un humble ami. Entre les pieds du Sphinx appuyée à demi, La Vierge, pâle et douce, a fermé la paupière; Et, dans l’ombre, une étrange et suave lumière Sort du petit Jésus dans ses bras endormi. Autour d’eux le désert s’ouvre mystérieux; Et tout est si tranquille à cette heure, en ces lieux Qu’on entendrait l’enfant respirer sous ses voiles. Nul souffle…La fumée immobile du feu, Mont ainsi qu’un long fil se perdre dans l’air bleu… Et le Sphinx éternel atteste les étoiles.
Resting in Egypt
The blue, hot night, the calm that has no end… Wrapped in his cloak, a stone beneath his head, Sleeps Joseph, pure in heart, his prayers said; The ass lies by him, like a humble friend. Between the Sphinx’s paws composed to rest, The Virgin, pale and sweet, has veiled her sight. The shadow glimmers with a strange, soft light: The infant Jesus sleeps upon her breast. The time and place are peaceful. Not a sound: Only the breathing of the babe. All round, The desert sands their mysteries unfold. The wind is still, the smoke climbs quietly, Like a long thread, to vanish in the sky; The timeless Sphinx bids all the stars behold.

Translation: Copyright © Timothy Adès

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