Lines Written on a Young Lady’s Album
Vers écrits sur l'album d'une jeune dame
Alphonse de Lamartine (1790-1869)
Vers écrits sur l'album d'une jeune dame
Sur cette page blanche où mes vers vont éclore,
qu'un souvenir parfois ramène votre coeur!
De votre vie aussi la page est blanche encore;
je voudrais la remplir d'un seul mot: le Bonheur.
Le livre de la vie est un livre suprême,
que l'on ne peut fermer ni rouvrir à son choix,
Où le feuillet fatal se tourne de lui-même;
le passage attachant ne s'y lit qu'une fois:
on voudrait s'arrêter à la page où on l'aime,
et la page où l'on meurt est déjà sous les doigts.
Lines Written on a Young Lady’s Album
To this blank page, which now my verses fill,
haply shall memory bid your heart regress.
Your own life’s page is blank and empty still:
there would I write the sole word ‘Happiness’.
The book of life’s a great and final book;
you cannot take it to and from the shelf.
At a choice passage there’s no second look:
the leaf of fate turns over by itself.
We’d gladly linger on the page, ‘A Lover’;
under our hands, behold! we read: ‘All Over!’
Translation: Copyright © Timothy Adès
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Song
Chanson
Pierre Corneille (1606-84)
Chanson
Si je perds bien des maîtresses,
J’en fais encor plus souvent,
Et mes voeux et mes promesses
Ne sont que feintes caresses,
Et mes voeux et mes promesses
Ne sont jamais que du vent.
Quand je vois un beau visage,
Soudain je me fais de feu,
Mais longtemps lui faire hommage,
Ce n’est pas bien mon usage,
Mais longtemps lui faire hommage,
Ce n’est pas bien là mon jeu.
J’entre bien en complaisance
Tant que dure une heure ou deux,
Mais en perdant sa présence
Adieu toute souvenance,
Mais en perdant sa présence
Adieu soudain tous mes feux.
Plus inconstant que la lune
Je ne veux jamais d’arrêt;
La blonde comme la brune
En moins de rien m’importune,
La blonde comme la brune
En moins de rien me déplaît.
Si je feins un peu de braise,
Alors que l’humeur m’en prend,
Qu’on me chasse ou qu’on me baise,
Qu’on soit facile ou mauvaise,
Qu’on me chasse ou qu’on me baise,
Tout m’est fort indifférent.
Mon usage est si commode,
On le trouve si charmant,
Que qui ne suit ma méthode
N’est pas bien homme à la mode,
Que qui ne suit ma méthode
Passe pour un Allemand.
Song
I lose many mistresses,
Gain more, to spare.
My vows and my promises,
Kisses, just ruses:
My vows and my promises,
Wind, light as air.
I see a sweet visage,
I’m quickly aflame
But drawing out homage
Just isn’t my usage,
But drawing out homage
Just isn’t my game.
I’ll join in complaisance
For one or two hours,
But losing her presence
It’s bye-bye remembrance,
But losing her presence,
Farewell all my fires.
I’m a moon of no constance,
I don’t stop or stall,
Brunettance or blondance
I feel no repugnance,
Brunettance or blondance,
Reluctance, at all.
I act a bit steamy
When feeling inclined:
They shoo me or woo me,
Turn dreadful or dreamy,
They shoo me or woo me,
I simply don’t mind.
So neat is my custom
They all find it charming.
You don't do my system?
You’ve no savoir faire, man!
You don't do my system?
You’d pass for a German.
Translation: Copyright © Timothy Adès
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The Pyrenees
Les Pyrénées
Guillaume, Sieur du Bartas (1544-90)
Les Pyrénées
François, arreste–toi, ne passe la campagne
Que Nature mura de rochers d’un costé,
Que l’Auriège entrefend d’un cours précipité;
Campagne qui n’a point en beauté de compagne.
Passant, ce que tu vois n’est point une montagne:
C’est un grand Briarée, un géant haut monté
Qui garde ce passage, et défend, indomté,
De l’Espagne la France, et de France l’Espagne.
Il tend à l’une l’un, à l’autre l’autre bras,
Il porte sur son chef l’antique faix d’Atlas,
Dans deux contraires mers il pose ses deux plantes.
Les espaisses forests sont ses cheveux espais;
Les rochers sont ses os; les rivières bruyantes
L’éternelle sueur que luy cause un tel faix.
François, arreste–toi, ne passe la campagne
Que Nature mura de rochers d’un costé,
Que l’Auriège entrefend d’un cours précipité;
Campagne qui n’a point en beauté de compagne.
Passant, ce que tu vois n’est point une montagne:
C’est un grand Briarée, un géant haut monté
Qui garde ce passage, et défend, indomté,
De l’Espagne la France, et de France l’Espagne.
Il tend à l’une l’un, à l’autre l’autre bras,
Il porte sur son chef l’antique faix d’Atlas,
Dans deux contraires mers il pose ses deux plantes.
Les espaisses forests sont ses cheveux espais;
Les rochers sont ses os; les rivières bruyantes
L’éternelle sueur que luy cause un tel faix.
The Pyrenees
published in Outposts:
Frenchman, hold hard, nor pass beyond that land
That nature fortified with rocky walls,
That Ariège thrusts through with headlong falls,
Land garlanded, most gallant and most grand.
What thou seest, passing here, is no high–land;
Rather a mighty Briareus, a giant
Set high to guard this passage, and, defiant,
Spain’s way to France, France’s to Spain command.
One arm to France, t’other to Spain is spread;
Upon his crest sits Atlas’ ancient weight;
His feet the two opposing seas betread.
The thickets are the thick hairs of his head;
The rocks his bones; the roaring mountain–spate,
The sweat his burthen ever makes him shed.
published in Modern Poetry in Translation:
FRENCH NATIONALS STOP HERE. NO TRANSIT through
The Ariège (Dept. no. 9).
A natural break: cascade, scarp, anticline.
No contest: champion country. Get that view!
VISITORS
THIS IS NOT A MOUNTAIN CHAIN.
You’re looking at a brontosaurus which
Has got across the middle of the pitch
Showing a No Way card to France and Spain.
Ne passez pas. No pase el paso usted.
His spiky neck is what jacks up the sky;
Feet in the Bay of Biscay and the Med;
The forest canopy tops out his head;
His bones are rocks. The long–term power supply?
Sweat, leached from stress–points on the watershed.
Translation: Copyright © Timothy Adès
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Old Age
Pierre de Ronsard (1524-85)
Ma douce jouvance est passée,
Ma premiere force est cassée,
J’ai la dent noire, et le chef blanc,
Mes nerfs sont dissous, et mes venes,
Tant j’ai le cors froid, ne sont plenes
Que d’une eau rousse, en lieu de sang.
Adieu ma Lyre, adieu fillettes,
Jadis mes douces amourettes,
Adieu, je sen venir ma fin,
Nul passetans de ma jeunesse
Ne m’accompagne en la vieillesse,
Que le feu, le lit et le vin.
J’ai la teste toute élourdie
De trop d’ans, et de maladie,
De tous costés le soin me mord:
Et soit que j’aille ou je me tarde
Toujours derriere moi regarde
Si je verrai venir la mort,
Qui doit, ce me semble, à toue heure
Me mener là bas où demeure
Je ne sçai quel Pluton, qui tient
Ouvert à tous venans un antre
Où bien facilement on entre,
Mais d’où jamais on ne revient.
Old Age
Lost, my happy days of youth:
White of head and black of tooth,
Primal power broken up:
Nerves are shot, and every vein
(Poor cold body!) must contain –
What? not blood, but reddish slop.
Lute, farewell! Ta-ra, the lasses,
Once my little loves – time passes!
Palpably the end is nigh.
Pleasures of my youth, goodbye!
Failing health and heavy head.
In my dotage, all decays:
Nothing’s left from younger days:
Only drink, and warmth, and bed!
Gnawed by cares and getting older,
If I go or if I stay,
Must look back across my shoulder,
Sure that death is on his way,
Imminently taking me
Down to some infernally
Cavernous, wide open hall,
Which we enter easily -
Yes! All comers enter free -
Never to return at all.
Translation: Copyright © Timothy Adès
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Ronsard’s Choice of Epitaph
Pierre de Ronsard (1524-85)
CELUY QUI GIST SOUS CETTE TOMBE ICY
AIMA PREMIERE UNE BELLE CASSANDRE
AIMA SECONDE UNE MARIE AUSSY,
TANT EN AMOUR IL FUT FACILE A PRENDRE.
DE LA PREMIERE IL EUT LE CŒUR TRANSY,
DE LA SECONDE IL EUT LE CŒUR EN CENDRE,
ET SI DES DEUX IL N'EUT ONCQUES MERCY
Ronsard’s Choice of Epitaph
He who lies beneath this stone
loved Cassandra for a start;
Mary too, a second one.
Easy prey for Cupid's dart!
Fair Cassandra pierced his heart,
Mary seared it, burnt it down.
Loved two women, thanked by none.
Translation: Copyright © Timothy Adès
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To Cassandra
Pour Marie Dupin
Pierre de Ronsard (1524-85)
Pour Marie Dupin
Quand au temple nous serons
Agenouillés nous ferons
Les dévots selon la guise
De ceux qui pour prier Dieu
Humbles se courbent au lieu
Le plus secret de l’église.
Mais quand au lit nous serons
Entrelacés nous ferons
Les lascifs selon les guises
Des amants qui librement
Pratiquent folastrement
Dans les draps cent mignardises.
Pourquoi donque, quand je veux
Ou mordre tes beaux cheveux,
Ou baiser ta bouche aimée,
Ou toucher à ton beau sein
Contrefais-tu la nonnain
Dedans un cloître enfermée ?
[…]
Après ton dernier trépas,
Grêle, tu n’auras là-bas
Qu’une bouchette blêmie ;
Et quand mort je te verrais
Aux Ombres je n’avouerais
Que jadis tu fus m’amie.
To Cassandra
In the temple on our knees
we’ll play out the pieties,
as do all those votaries
praying, in God’s holy house,
crouched in due observances,
humble, inconspicuous.
But in bed, between the sheets
with our bodies interlaced,
we, by lovers’ precedent
free, lascivious and unchaste,
shall in wild abandonment
practise ten times ten delights.
Why then, if I wish for this,
or to bite your lovely hair,
or to give your lips a kiss
or to touch your bosom fair,
will you imitate a Sister
bottled up inside a cloister?
When at last you’re dead and gone,
spectral shadow, you shall have
little mouth all wilted, wan.
If I died and saw you down
there, I’d never make it known
you had been my lady-love.
Translation: Copyright © Timothy Adès
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