Sonnet XXIV
Louise Labé (1524-66)
Ne reprenez, Dames, si j'ai aimé,
Si j'ai senti mille torches ardentes,
Mille travaux, mille douleurs mordantes.
Si, en pleurant, j'ai mon temps consumé,
Las ! que mon nom n'en soit par vous blamé.
Si j'ai failli, les peines sont présentes,
N'aigrissez point leurs pointes violentes:
Mais estimez qu'Amour, à point nommé,
Sans votre ardeur d'un Vulcain excuser,
Sans la beauté d'Adonis accuser,
Pourra, s'il veut, plus vous rendre amoureuses,
En ayant moins que moi d'occasion,
Et plus d'étrange et forte passion.
Et gardez-vous d'être plus malheureuses !
Sonnet XXIV
Ladies, reproach not my amours:
If I for burning firebrands languish,
Feel pricks and pangs and biting anguish,
If I with weeping waste my hours,
Do not abuse me with your blame.
If I have erred, the pains are pressing;
Make not their rigours more distressing:
Think that if Cupid but take aim,
Never your Vulcan-heat excusing,
Never Adonis’ charms accusing,
Cupid can swell your tender yearning,
Having not even my occasion,
Yet knowing stranger, stronger passion.
Then guard ye well ’gainst fortune’s turning.
Translation: Copyright © Timothy Adès
More poems by Louise Labé...
Sonnets of Virtuous Love – 2
Sonnets de l'honnête amour – 2
Sonnets de l'honnête amour – 2
J'ai entassé moi-même tout le bois
Pour allumer cette flamme immortelle,
Par qui mon âme avecques plus haute aile
Se guinde au ciel, d'un égal contrepoids.
Jà mon esprit, jà mon coeur, jà ma voix,
Jà mon amour conçoit forme nouvelle
D'une beauté plus parfaitement belle
Que le fin or épuré par sept fois.
Rien de mortel ma langue plus ne sonne:
Jà peu à peu moi-même j'abandonne
Par cette ardeur, qui me fait sembler tel
Que se montrait l'indompté fils d'Alcmène,
Qui, dédaignant notre figure humaine,
Brûla son corps, pour se rendre immortel.
Sonnets of Virtuous Love – 2
Myself I’ve heaped the wood up high
To kindle this immortal flame.
My soul on soaring wing shall fly
To heaven, for the weight’s the same.
My heart, my voice, my love, my mind,
All these more comeliness acquire
Than gold in seven shifts refined:
I slowly yield me to the fire,
And cease from mortal colloquy.
Like the unconquered god am I,
Alcmena’s Hercules, who spurned
Our human shape, whose body burned,
Who gained his immortality.
Translation: Copyright © Timothy Adès
You’ve Come to Rome
Nouveau venu, qui cherches Rome en Rome
Nouveau venu, qui cherches Rome en Rome
Nouveau venu, qui cherches Rome en Rome
Et rien de Rome en Rome n'aperçois,
Ces vieux palais, ces vieux arcs que tu vois,
Et ces vieux murs, c'est ce que Rome on nomme.
Vois quel orgueil, quelle ruine : et comme
Celle qui mit le monde sous ses lois,
Pour dompter tout, se dompta quelquefois,
Et devint proie au temps, qui tout consomme.
Rome de Rome est le seul monument,
Et Rome Rome a vaincu seulement.
Le Tibre seul, qui vers la mer s'enfuit,
Reste de Rome. O mondaine inconstance !
Ce qui est ferme, est par le temps détruit,
Et ce qui fuit, au temps fait résistance.
You’ve Come to Rome
So now you’ve come
To roam in Rome
You see no Rome
In Rome at all
This broken dome
That wilted wall:
They call it Rome.
No more, that’s all.
The pride the fall
Rome had it all
Subdued the world
She ruled by law,
Till downward hurled
In selfish fall
Tamed by time’s maw
That conquers all.
Rome is Rome’s sole
Memorial
Her self-defeat
Is terminal.
Tiber who drains
And runs to sea
Alone remains.
Inconstancy!
What flourishes
Is fallible
What vanishes
Is durable.
Translation: Copyright © Timothy Adès
Hymn of Hate
Joachim du Bellay was at the Papal court for some time, accompanying his first cousin the Cardinal. He did not enjoy being away from home, as dozens of sonnets attest, including this one, The Regrets, no. 68.
Joachim du Bellay (1522-60)
Joachim du Bellay was at the Papal court for some time, accompanying his first cousin the Cardinal. He did not enjoy being away from home, as dozens of sonnets attest, including this one, The Regrets, no. 68.
Je hay du Florentin...
Je hay du Florentin l’usurière avarice,
Je hay du fol Sienois le sens mal arresté,
Je hay du Genevois la rare vérité,
Et du Venetien la trop caute malice.
Je hay le Ferrarois pour je ne sçay quel vice,
Je hay tous les Lombards pour l’infidélité,
Le fier Napolitain pour sa grand’ vanité,
Et le poltron Romain pour son peu d’exercice.
Je hay l’Anglois mutin, et le brave Escossois,
Le traistre Bourguignon, et l’indiscret François,
Le superbe Espaignol, et l’yvrongne Thudesque:
Bref, je hay quelque vice en chasque nation,
Je hay moymesme encor mon imperfection,
Mais je hay par sur tout un sçavoir pedantesque.
Hymn of Hate
‘All nations have some fault.’
I hate the Florentines’ usurious greed,
Siena’s galloping insanity,
the Genoese disingenuity,
Venice for malice and the dirty deed;
I hate Ferrara for who knows what vice,
the Lombards’ unreliability;
Napolitano swank and vanity,
the shirking Roman’s lack of exercise;
the cocky Englishman, the plucky Scot,
the Spanish snob and the Teutonic sot,
blundering French, perfidious Burgundy:
All nations have some fault that I abhor;
I hate my own imperfect self still more;
But what I hate the most is pedantry.
Translation: Copyright © Timothy Adès
More poems by Joachim du Bellay...
To the Winds, from a Winnower
D’un Vanneur de Blé aux Vents
Joachim du Bellay (1522-60)
D’un Vanneur de Blé aux Vents
A vous troppe legere,
Qui d’aele passagere
Par le monde volez,
Et d’un sifflant murmure
L’ombrageuse verdure
Doulcement esbranlez,
J’offre ces violettes,
Ces lis et ces fleurettes,
Et ces roses icy,
Ces vermeillettes roses,
Tout freschement écloses,
Et ces œilletz aussi.
De vostre double halaine
Eventez ceste plaine,
Eventez ce sejour:
Ce pendant que j’ahanne
A mon blé, que je vanne
A la chaleur du jour.
To the Winds, from a Winnower
To you lighter than light
Who with fugitive flight
At liberty flutter,
Who lovingly muffle
Your whispers, and ruffle
The sheltering verdure:
I offer these violets,
Lilies and flowerets,
Roses I hold,
These little red roses
Newly unfurled,
And pink gillyflowers.
Let a breath of your breeze
Come play on the plain
As long as I stay,
Come play as I strain
At my winnowing-fan
In the heat of the day.
Translation: Copyright © Timothy Adès
More poems by Joachim du Bellay...
Seven Hills of Rome
CELLE QUI DE SON CHEF...
Joachim du Bellay (1522-60)
CELLE QUI DE SON CHEF...
Celle qui de son chef les étoiles passait,
Et d'un pied sur Thétis, l'autre dessous l'Aurore,
D'une main sur le Scythe, et l'autre sur le More,
De la terre et du ciel la rondeur compassait:
Jupiter ayant peur, si plus elle croissait,
Que l'orgueil des Géants se relevât encore,
L'accabla sous ces monts, ces sept monts qui sont ore
Tombeaux de la grandeur qui le ciel menaçait.
II lui mit sur le chef la croupe Saturnale,
Puis dessus l'estomac assit la Quirinale,
Sur le ventre il planta l'antique Palatin,
Mit sur la dextre main la hauteur Célienne,
Sur la senestre assit l'échine Exquilienne,
Viminal sur un pied, sur l'autre l'Aventin.
Seven Hills of Rome
She whose head higher than the stars was crowned,
One foot on ocean, one beneath the Dawn,
One hand on Moor and one on Scythian,
Compassed the earth and then the heavens round.
Jupiter, fearing for his menaced heaven,
And lest the Giants' pride should rise again,
Crushed her beneath those hills that yet remain
As tombs of her great might, in number seven.
Upon her head he heaped the Saturnal,
Upon her stomach set the Quirinal,
Upon her belly, storied Palatine:
The Coelian upon her dexter hand,
Steep Esquiline upon the left doth stand:
On the feet, Viminal and Aventine.
Translation: Copyright © Timothy Adès
More poems by Joachim du Bellay...
France, mother of arts
France, mère des arts
France, mère des arts
France, mère des arts, des armes et des lois,
Tu m'as nourri longtemps du lait de ta mamelle :
Ores, comme un agneau qui sa nourrice appelle,
Je remplis de ton nom les antres et les bois.
Si tu m'as pour enfant avoué quelquefois,
Que ne me réponds-tu maintenant, ô cruelle ?
France, France, réponds à ma triste querelle.
Mais nul, sinon Écho, ne répond à ma voix.
Entre les loups cruels j'erre parmi la plaine,
Je sens venir l'hiver, de qui la froide haleine
D'une tremblante horreur fait hérisser ma peau.
Las, tes autres agneaux n'ont faute de pâture,
Ils ne craignent le loup, le vent ni la froidure :
Si ne suis-je pourtant le pire du troupeau.
France, mother of arts
Mother of arts and arms and laws,
You’ve suckled me so long, my France.
Now like a lamb who calls his nurse
I cry your name through caves and glens.
Have you not sometimes called me Child?
Then why no answer, cruel France?
My plaint is sad, my wail is wild,
Yet only Echo gives response.
Lost among wolves, I crave the fold:
By winter’s breath I soon am chilled,
Quake in my skin with fear and shock.
Your other lambs are fed and filled,
They fear no wolf, nor wind, nor cold:
Am I the meanest of the flock?
Translation: Copyright © Timothy Adès
Mother of Arts
France, mère des arts
Joachim du Bellay (1522-60)
France, mère des arts
France, mère des arts, des armes et des lois,
Tu m'as nourri longtemps du lait de ta mamelle :
Ores, comme un agneau qui sa nourrice appelle,
Je remplis de ton nom les antres et les bois.
Si tu m'as pour enfant avoué quelquefois,
Que ne me réponds-tu maintenant, ô cruelle ?
France, France, réponds à ma triste querelle.
Mais nul, sinon Écho, ne répond à ma voix.
Entre les loups cruels j'erre parmi la plaine,
Je sens venir l'hiver, de qui la froide haleine
D'une tremblante horreur fait hérisser ma peau.
Las, tes autres agneaux n'ont faute de pâture,
Ils ne craignent le loup, le vent ni la froidure :
Si ne suis-je pourtant le pire du troupeau.
Mother of Arts
Mother of arts and arms and laws,
You’ve suckled me so long, my France.
Now like a lamb who calls his nurse
I cry your name through caves and glens.
Have you not sometimes called me Child?
Then why no answer, cruel France?
My plaint is sad, my wail is wild,
Yet only Echo gives response.
Lost among wolves, I crave the fold:
By winter’s breath I soon am chilled,
Quake in my skin with fear and shock.
Your other lambs are fed and filled,
They fear no wolf, nor wind, nor cold:
Am I the meanest of the flock?
Translation: Copyright © Timothy Adès
More poems by Joachim du Bellay...
You've Come to Rome
Nouveau venu
Joachim du Bellay (1522-60)
Nouveau venu
Nouveau venu, qui cherches Rome en Rome
Et rien de Rome en Rome n'aperçois,
Ces vieux palais, ces vieux arcs que tu vois,
Et ces vieux murs, c'est ce que Rome on nomme.
Vois quel orgueil, quelle ruine : et comme
Celle qui mit le monde sous ses lois,
Pour dompter tout, se dompta quelquefois,
Et devint proie au temps, qui tout consomme.
Rome de Rome est le seul monument,
Et Rome Rome a vaincu seulement.
Le Tibre seul, qui vers la mer s'enfuit,
Reste de Rome. O mondaine inconstance !
Ce qui est ferme, est par le temps détruit,
Et ce qui fuit, au temps fait résistance.
You've Come to Rome
So now you’ve come
To roam in Rome
You see no Rome
In Rome at all
This broken dome
That wilted wall:
They call it Rome.
No more, that’s all.
The pride the fall
Rome had it all
Subdued the world
She ruled by law,
Till downward hurled
In selfish fall
Tamed by time’s maw
That conquers all.
Rome is Rome’s sole
Memorial
Her self-defeat
Is terminal.
Tiber who drains
And runs to sea
Alone remains.
Inconstancy!
What flourishes
Is fallible
What vanishes
Is durable.
Translation: Copyright © Timothy Adès
More poems by Joachim du Bellay...
Sonnets of Virtuous Love - 10
Sonnets de l'honnête amour -10
Joachim du Bellay (1522-60)
Sonnets de l'honnête amour -10
J'ai entassé moi-même tout le bois
Pour allumer cette flamme immortelle,
Par qui mon âme avecques plus haute aile
Se guinde au ciel, d'un égal contrepoids.
Jà mon esprit, jà mon coeur, jà ma voix,
Jà mon amour conçoit forme nouvelle
D'une beauté plus parfaitement belle
Que le fin or épuré par sept fois.
Rien de mortel ma langue plus ne sonne:
Jà peu à peu moi-même j'abandonne
Par cette ardeur, qui me fait sembler tel
Que se montrait l'indompté fils d'Alcmène,
Qui, dédaignant notre figure humaine,
Brûla son corps, pour se rendre immortel.
Sonnets of Virtuous Love - 10
Myself I've heaped the wood up high
to kindle this immortal flame.
My soul on soaring wing shall fly
to heaven, for the weight's the same.
My heart, my voice, my love, my mind,
shall greater comeliness acquire
than gold in seven shifts refined.
I slowly yield me to the fire,
and cease from mortal colloquy.
Like the unconquered god am I,
Alcmena's Hercules, who spurned
our human shape, whose body burned,
who gained his immortality.
Translation: Copyright © Timothy Adès
More poems by Joachim du Bellay...