The Toad

LE CRAPAUD

Robert Desnos (1900-45)

LE CRAPAUD
Sur les bords de la Marne Un crapaud il y a Qui pleure à chaudes larmes Sous un acacia. - Dis-moi pourquoi tu pleures? Mon joli crapaud. - C’est que j'ai le malheur De n'être pas beau. Sur les bords de la Seine Un crapaud il y a Qui chante à perdre haleine Dans son charabia. - Dis-moi pourquoi tu chantes? Mon vilain crapaud. - Je chante à voix plaisante, Car je suis très beau, Des bords de la Marne aux bords de la Seine Avec les sirènes.
The Toad
A toad all warty On the banks of the Marne Weeps hot tears Under a thorn. “Why do you weep, Pretty toad all warty?” “Because by mischance I am no beauty.” A toad all warty On the banks of the Seine Sings at full bellow His uncouth refrain. “Why do you sing, Ugly toad all warty?” “I sing so sweetly Because I’m a beauty. From the Marne’s to the Seine’s environs I sing with the Sirens.”

Translation: Copyright © Timothy Adès

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One Day When It Was Night

Un Jour Qu’il Faisait Nuit

Robert Desnos (1900-45)

Un Jour Qu’il Faisait Nuit
Il s’envola au fond de la rivière. Les pierres en bois d’ébène, les fils de fer en or et la     croix sans branche. Tout rien. Je la hais d’amour comme tout un chacun. Le mort respirait de grandes bouffées de vide. Le compas traçait des carrés et des triangles à cinq côtés. Après cela il descendit au grenier. Les étoiles de midi resplendissaient. Le chasseur revenait carnassière pleine de poissons Sur la rive au milieu de la Seine. Un ver de terre marque le centre du cercle sur la cir­conférence. En silence mes yeux prononcèrent un bruyant discours. Alors nous avancions dans une allée déserte où se     pressait la foule. Quand la marche nous eut bien reposé nous eûmes le courage de nous asseoir puis au réveil nos yeux se fermèrent et l’aube versa sur nous les réservoirs de la nuit. La pluie nous sécha.
One Day When It Was Night
He flew off to the bottom of the river. Stones of ebony wood, steel wires of gold, a cross with no     cross-piece. All nothing. I hate her with a love like just anyone. The dead man breathed great gulps of emptiness. The compass traced squares and triangles with five sides. After that he went down into the loft. The midday stars were shining. The hunter returned, his game-bag full of fish On the bank in the middle of the Seine. An earthworm marks the centre of the circle on the circumference. In silence my eyes uttered a noisy speech. Then we moved up a deserted avenue where people were     thronging. When marching had given us a good rest we had the courage to sit down then as we woke our eyes closed and dawn poured on us the reservoirs of night. The rain dried us.
‘Robert Desnos, Surrealist, Lover, Resistant’, Arc Publications

Translation: Copyright © Timothy Adès

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MIMOSA

LE MIMOSA [Chantefleurs]

Robert Desnos (1900-45)

LE MIMOSA [Chantefleurs]
Sur la route de Saint-Tropez, Mimosa Monsieur, mimosa Madame Sur la route de Saint-Tropez, De Saint-Tropez à La Ciotat, Cueillez le mimosa, Cueillez-le pour l’offrir aux dames.
MIMOSA
On the way from St Tropez, Mimosa Sir, Mimosa Ma’am, On the way from St Tropez, Cull mimosas round the bay, Cull them closer to Marseille, Offer the ladies this bouquet.

Translation: Copyright © Timothy Adès

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Six Storysongs

Six Chantefables

Robert Desnos (1900-45)

Six Chantefables
L’ESCARGOT Est-ce que le temps est beau? Se demandait l’escargot Car, pour moi, s’il faisait beau C’est qu’il ferait vilain temps. J’aime qu’il tombe de l’eau, Voilà mon tempérament. Combien de gens, et sans coquille, N’aiment pas que le soleil brille. Il est caché? Il reviendra! L’escargot? On le mangera. LE PÉLICAN Le capitaine Jonathan, Étant âgé de dix-huit ans, Capture un jour un pélican Dans une île d’Extrême-Orient. Le pélican de Jonathan, Au matin, pond un œuf tout blanc Et il en sort un pélican Lui ressemblant étonnamment. Et ce deuxième pélican Pond à son tour, un œuf tout blanc D’où sort, inévitablement, Un autre qui en fait autant. Cela peut durer pendant très longtemps Si l’on ne fait pas d’omelette avant. LA SAUTERELLE Saute, saute, sauterelle Car c’est aujourd’hui jeudi. Je sauterai, nous dit-elle, Du lundi au samedi. Saute, saute, sauterelle, À travers tout le quartier. Sautez donc, mademoiselle, Puisque c’est votre métier.
LA FOURMI Une fourmi de dix-huit mètres Avec un chapeau sur la tête, Ça n’existe pas, ça n’existe pas. Une fourmi traînant un char Plein de pingouins et de canards, Ça n’existe pas, ça n’existe pas. Une fourmi parlant français, Parlant latin et javanais, Ça n’existe pas, ça n’existe pas.     Eh! Pourquoi pas? LE LÉOPARD Si tu vas dans les bois, Prends garde au léopard. Il miaule à mi-voix Et vient de nulle part. Au soir, quand il ronronne, Un gai rossignol chante Et la forêt béante Les écoute et s’étonne, S’étonne qu'en ses bois Vienne le léopard Qui ronronne à mi-voix Et vient de nulle part. LE VER LUISANT Ver luisant tu luis à minuit, Tu t’allumes sous les étoiles Et, quand tout dort, tu t’introduis Dans la lune et ronge sa moelle. La lune, nid des vers luisants, Dans le ciel continue sa route. Elle sème sur les enfants, Sur tous les beaux enfants dormant, Rêve sur rêve, goutte sur goutte.
Six Storysongs
THE SNAIL Is to-day fine? The snail was wondering. I’d call it fine If the rain were thundering Down. I like the wettest weather: That’s the way I’m put together. How many folk with a soft exterior Greet the sunshine with hysteria. Sun gone in? Just wait! Just wait! The snail ends up on the dinner-plate. THE PELICAN A captain known as Jonathan, Who’s turned eighteen, become a man, Captures, one day, a pelican, On Gan, Hainan, or Banaban. The pelican of Jonathan Lays a white egg, at nine a.m. Out of it jumps a pelican With an astonishing resem- Blance to the first. This pelican Lays its white egg in turn, and then, Of course, another pelican Jumps out to do the same again. This state of things may never end Unless an omelette bucks the trend. THE GRASSHOPPER Hop, grasshopper, hop away, Thursday, Friday, Saturday. I shall hop, we heard her say, From Monday to the latter day. Hop, grasshopper, hop away, All around the quarter, Hop, that’s your job all day, Being your mother’s daughter. (That’s what they taught her.) THE ANT Ant, an eighteen-metre ant, Hat on head insouciant, Cannot happen on this planet. Ant that hauls a pair of trucks Crammed with penguins and with ducks, Cannot happen on this planet. Ant that spouts with fluent ease Latin, French and Javanese, Cannot happen on this planet.     Or can it? THE LEOPARD If you go in the wood Watch out for the leopard He furtively mewed He dropped in and scarpered At night when he purrs Sweet nightingales sing And the forest infers It’s a wonderful thing To think that this wood Is the haunt of the leopard Who furtively purred Who dropped in and scarpered. THE GLOW-WORM Glow-worm glowing in the night, Under the stars you self-ignite. When we’re all asleep, you burrow Into the moon and munch its marrow. Glow-worms’ nest, the Moon, up top, Sails the sky and doesn’t stop. On the children she will seep, On the pretty things asleep, Dream on dream, drop by drop.

Translation: Copyright © Timothy Adès

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In Helmet

Casqués du heaume

Robert Desnos (1900-45)

Casqués du heaume
Casqués du heaume et cuirassés, S’en sont partis les gens de guerre. Les chemins creux sont défoncés Où nous cachions nos amours printanières. ……………………… Car l’homme doit aimer son frère Comme l’oisel aime l’oisel! Et partir avec lui la terre Comme ils se partissent le ciel. Casqués du heaume et cuirassés S’en sont partis les gens de guerre. Les chemins creux sont défoncés Où nous cachions nos amours printanières. Mais peu s’en soucie la nature, Les fleurettes poussent aux prés, L’oisel jargonne en la ramure, Le cerf en rut court les forêts. Et nous aussi devons aimer, Viens-t-en ès champs et feuillage Nous livrant aux jeux printaniers, Oublier la guerre sauvage. Casqués du heaume et cuirassés, S’en sont partis les gens de guerre. Les chemins creux sont défoncés Où nous cachions nos amours printanières.
In Helmet
In helmet and in breastplate They went to fight the wars. The sunken lanes are smashed to bits That hid our spring amours. ………………… For man must love his brother As two birds of a feather Share earth with one another The way they share the weather. In helmet and in breastplate They went to fight the wars. The sunken lanes are smashed to bits That hid our spring amours. It’s all the same to nature, Buds blossom in the meadow, Woods run with rutting roe-deer, Birds chirp in leafy shadow. And we must do our loving, Find fields and trees once more, Find spring and fun of living, Forget the savage war. In helmet and in breastplate They went to fight the wars. The sunken lanes are smashed to bits That hid our spring amours.
published 1919 © Éditions Gallimard In ‘Robert Desnos, Surrealist, Lover, Resistant’ (Arc Publications). And in Agenda 2018

Translation: Copyright © Timothy Adès

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The Legacy

Le Legs

Robert Desnos (1900-45)

1943: posters say Victor Hugo would back the régime.
Le Legs
Et voici, Père Hugo, ton nom sur les murailles! Tu peux te retourner au fond du Panthéon Pour savoir qui a fait cela. Qui l’a fait? On! On c’est Hitler, on c’est Goebbels ... C’est la racaille, Un Laval, un Pétain, un Bonnard, un Brinon, Ceux qui savent trahir et ceux qui font ripaille, Ceux qui sont destinés aux justes représailles Et cela ne fait pas un grand nombre de noms. Ces gens de peu d’esprit et de faible culture Ont besoin d’alibis dans leur sale aventure. Ils ont dit: « Le bonhomme est mort. Il est dompté. » Oui, le bonhomme est mort. Mais par-devant notaire Il a bien précisé quel legs il voulait faire: Le notaire a nom: France, et le legs: Liberté.
The Legacy
Hugo! So here’s your name on every wall! Deep in the Pantheon, turn in your grave, And ask: who’s done this? Hitler! Goebbels! They’ve Done it, the guttersnipes: Pétain, Laval, Bonnard, Brinon: accomplished traitors all, High on the hog. They’ve done it, and they must Face retribution, merciless and just; And there are not that many names at all. These mindless and uncultured men have made A smokescreen for their filthy escapade: ‘The fellow’s dead and gone,’ apparently. The fellow’s dead. Yet his bequest is clear: His legacy is signed and proven here, Witnessed by France; we call it Liberty.
In my books of Desnos from Arc Publications and Hugo from Hearing Eye. appeared 14 July 1943 in L’Honneur des Poètes and in Ce Cœur qui Haïssait la Guerre, 1944

Translation: Copyright © Timothy Adès

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Quicksands

Sables mouvants

Jacques Prévert (1900-77)

Sables mouvants
Démons et merveilles Vents et marées Au loin déjà la mer s'est retirée Et toi Comme une algue doucement caressée par le vent Dans les sables du lit tu remues en rêvant Démons et merveilles Vents et marées Au loin déjà la mer s'est retirée Mais dans tes yeux entrouverts Deux petites vagues sont restées Démons et merveilles Vents et marées Deux petites vagues pour me noyer.
Quicksands
Demons and wonders Winds and tides The sea has gone far out now And you Like seaweed gently caressed by the wind In the sands of our bed you stir dreaming Demons and wonders Winds and tides The sea has gone far out now But in your half-open eyes Linger two little waves Demons and wonders Winds and tides Two little waves I can drown in.

Translation: Copyright © Timothy Adès

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Said the Angel, ‘Strange, I’ll say, an angel.’

Être Ange c’est Étrange dit l’Ange

Jacques Prévert (1900-77)

Être Ange c’est Étrange dit l’Ange
Être Ange C’est Étrange Dit l’Ange Être Âne C’est étrâne Dit l’Âne Cela ne veut rien dire Dit l’Ange en haussant les ailes Pourtant Si étrange veut dire quelque chose étrâne est plus étrange qu’étrange dit l’Âne Étrange est ! Dit l’Ange en tapant du pied Étranger vous-même Dit l’Âne Et il s’envole.
Said the Angel, ‘Strange, I’ll say, an angel.’
Said the Angel, ‘Strange, I’ll say, an angel.’ Said the Mule, ‘Strmew, I’ll say, a mule.’ ‘That’s nonsense’, said the Angel, shrugging his wings. ‘Yes but if Strange makes any sense, Strmew is stranger than Strange’ said the Mule. ‘Strange, yeah’ said the Angel, tapping his foot. ‘Stranger yourself’ said the Mule and flew away.

Translation: Copyright © Timothy Adès

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Daniel’s Geometry: four poems translated by Timothy Adès

Robert Desnos (1900-45)

For the son of the composer Darius Milhaud, 1939. Published online in The High Window, December 2021.
Daniel’s Geometry: four poems translated by Timothy Adès
THROUGH ANY POINT ON A PLANE Through any point on a plane You can pass only one line perpendicular to the plane. So they say… But through all the points on my plane You can pass all the people and animals on earth So your perpendicular makes me laugh. And not just people and animals But plenty besides Pebbles Flowers Clouds My father and mother A sailing-boat A stovepipe And if I choose Four hundred million perpendiculars. MOEBIUS RING This round-returning road I run Won’t be the same when I’m half-done. No use my going straight ahead, It takes me somewhere else instead. I go right round but the heavens change. I was a youngster yesterday I’m a man today The world is strange. A rose that grows in rosy rows Is not like any other rose. THE ANGLE SUBTENDED… The angle subtended… One moment, what angle? I don’t want to know If it isn’t the angle The one where I’m grounded To count to one hundred Before shouting GO! You strangle me, angle, Engulfed and surrounded. La Belle Angleterre Not Angles but angels Fair England of legend. My eyes are shut tight, My night has descended. The angle subtended… THE PARABOLA Parabola hey! my nanna Parabola bored in its cage Rather be on the branch Branch too low Sun too high I watch birds fly To earth, to sky Branch too low Sun too high Funny birds Nest far from earth Branch too low Sun too high

Translation: Copyright © Timothy Adès

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French

Cat & Sun

Maurice Carême (1899-1978)

Translated by Timothy Adès

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