"C"

Les Ponts de Cé

Louis Aragon (1897-1982)

The poem dates from 1942, and was set to music by Poulenc in 1943. Les Ponts de Cé, on the Loire near Angers: a strategic crossing, scene of bloody fighting in 1432, 1620 and 1940. Crossing the Loire into the ‘Free Zone’ enabled Aragon to be a Resistance fighter. Lancelot crossed the perilous Pont de l’Épée for love of Guinevere. Lay: a poem of octosyllables, with a single rhyme, much favoured in the Middle Ages, about love (often impossible) and chivalry. The chief exponent was the mysterious 'Marie de France'.
Les Ponts de Cé
J’ai traversé les ponts de Cé C’est là que tout a commencé Une chanson des temps passés Parle d’un chevalier blessé D’une rose sur la chaussée Et d’un corsage délacé Du château d’un duc insensé Et des cygnes dans les fossés De la prairie où vient danser Une éternelle fiancée Et j’ai bu comme un lait glacé Le long lai des gloires faussées La Loire emporte mes pensées Avec les voitures versés Et les armes désamorcées Et les larmes mal effacées Ô ma France ô ma délaissée J’ai traversé les ponts de Cé
"C"
I’ve crossed the Loire at Cé (that’s "C"), the start of this whole tendency. A song of ancient minstrelsy, a knight, a nasty wound has he, a rose on roads of vagrancy, and breasts bereft of decency: castle of some duke’s lunacy, swans on the ditches’ buoyancy, meadow of dancing ecstasy, a bride’s eternal constancy. I drank chilled milk, fake fantasy: false glories, long lay’s poesy. The Loire sweeps all my thoughts to sea, trucks belly-up, sad sight to see, and weapons lacking potency, a smear of tears: despondency. Dear France, forlorn expectancy! I’ve crossed the bridge at Cé, or C.
Set by Poulenc, sung by Dame Felicity Lott: https://www.youtube.com/watch?v=OII1DFCz6oU

Translation: Copyright © Timothy Adès

More poems by Louis Aragon...

LES YEUX D'ELSA

ELSA YOUR EYES

Louis Aragon (1897-1982)

ELSA YOUR EYES
Tes yeux sont si profonds qu'en me penchant pour boire J'ai vu tous les soleils y venir se mirer S'y jeter à mourir tous les désespérés Tes yeux sont si profonds que j'y perds la mémoire À l'ombre des oiseaux c'est l'océan troublé Puis le beau temps soudain se lève et tes yeux changent L'été taille la nue au tablier des anges Le ciel n'est jamais bleu comme il l'est sur les blés Les vents chassent en vain les chagrins de l'azur Tes yeux plus clairs que lui lorsqu'une larme y luit Tes yeux rendent jaloux le ciel d'après la pluie Le verre n'est jamais si bleu qu'à sa brisure Mère des Sept douleurs ô lumière mouillée Sept glaives ont percé le prisme des couleurs Le jour est plus poignant qui point entre les pleurs L'iris troué de moire plus bleue d'être endeuillé Tes yeux dans le malheur ouvrent la double brèche Par où se reproduit le miracle des Rois Lorsque le coeur battant, ils virent tous les trois Le manteau de Marie accroché dans la crèche Une bouche suffit au mois de mai des mots Pour toutes les chansons et pour tous les hélas Trop peu d'un firmament pour des millions d'astres Il leur fallait tes yeux et leurs secrets gémeaux L'enfant accaparé par les belles images Écarquille les siens moins démesurément Quand tu fais les grands yeux je ne sais si tu mens On dirait que l'averse ouvre des fleurs sauvages Cachent-ils des éclairs dans cette lavande où Des insectes défont leurs amours violentes Je suis pris au filet des étoiles filantes Comme un marin qui meurt en mer en plein mois d'août J'ai retiré ce radium de la pechblende Et j'ai brûlé mes doigts à ce feu défendu Ô paradis cent fois retrouvé reperdu Tes yeux sont mon Pérou ma Golconde mes Indes Il advint qu'un beau soir l'univers se brisa Sur des récifs que les naufrageurs enflammèrent Moi je voyais briller au-dessus de la mer Les yeux d'Elsa les yeux d'Elsa les yeux d'Elsa
LES YEUX D'ELSA
your eyes so deep I stoop to drink I’ve seen all the bright suns assemble here to preen seen the despairing all plunge in to die your eyes so deep I lose my memory in the birds’ shade it’s raging ocean tempest then see the weather’s fine your eyes are changed as summer carves clouds to apron-size for angels sky’s never bluer than above the harvest what if the winds dispel the blues of heaven your eyes outshine it when a teardrop glitters your eyes the clear skies’ envy after showers never so blue the glass as when it’s broken o the wet brightness seven-sorrowed mother the colour-prism pierced by seven broadswords the day stabs deep that stabs among the mourners the shot-silk iris bluer for the graveside your eyes in sorrow pierce the pair of holes the magi re-enact their miracle all three of them observed with pounding pulse the cloak of Mary hanging in the stall may-time of words a pair of lips suffice for all the cries of woe and all the songs not enough heaven for the starry throngs they need your eyes and their twin mysteries the child with pretty pictures on the brain reveals his own affairs more cautiously you make big eyes perhaps it means you lie exotic blooms laid open by the rain do they hide lightning in the lavenders where insects shaft their violent amours I’m tangled in the net of shooting stars a sailor dead at sea in august fires I won this radium from the raw pitchblende in this forbidden fire my fingers burned my paradise so often lost and found your eyes my indies andes demavend it happened one fine night the universe foundered on reefs where wreckers lit a flame set high above the sea I saw them gleam your eyes elsa your eyes elsa your eyes
published in Agenda

Translation: Copyright © Timothy Adès

More poems by Louis Aragon...

Mars Awestruck

MARS ÉMERVEILLÉ

Jean Cassou (1897-1986)

From the book The Madness of Amadis (Agendapoetry) - Translated by Timothy Adès
MARS ÉMERVEILLÉ
Quoi? disait ce guerrier, c’est dans mes bras, Vénus, que tombe ton destin de beauté souveraine: tes cheveux nonpareils, ta gorge, tes pieds nus et le trésor marin que tes cuisses detiennent ! Entre tant de servants du nombre universel, indiscernables chacun de chacun, pourquoi celui-ci qui ne répond: moi, qu’au seul appel de lui-même, sans doute aussi dénommé moi ? Mais, oh! l’obscure voix qui s’aventure ainsi Sous l’armure pareille aux pareilles armures, quel enfouissement de fol orgueil parmi la rigoureuse égalité des morts futurs! Choix de la foudre! Vol frémissant de la bille tremblant de prononcer son chiffre, et toi, couteau, aile d’oiseau de mer, qui sinues et scintilles sur la vaste étendue des cornes de taureaux ! Mon taureau ! Noir ou blanc, fils du sort, je t’embrasse. J’embrasse tout destin par la nuit projeté et, sur l’autel massif de mon thorax, j’enlace mon propre chef de mes deux bras de fer noués, attendant qu’à leur place, adorable mystère, apparaissent, Vénus, tes bras, fleuve de lait d’amande douce, odeur condensée de lumière, collier, bouche d’abîme et de suavité. Loin de m’y engloutir, j’y trouve ma naissance et le cercle lustral de mes fonts baptismaux. J’existe par tes cris, tes extases, tes transes et c’est pour ma saillie que tu jaillis des flots. Et toi, n’est-ce étonnant que de tant de déesses et de nymphes des bois, des prairies, des rochers, ce soit toi qui, sitôt que je dise : maîtresse, t’encoures sur mon cœur ton visage cacher? J’écarte tes cheveux, j’écarte tes paupières, je te regarde jusqu’ au fond de ton regard. Non, je ne connaîtrai jamais d’heure dernière et dans l’éternité je mets tout notre espoir.
Mars Awestruck
`What!' said the warrior, `Venus, in my arms your destiny as sovereign beauty lies. Bare feet, and throat, your hair's unrivalled charms, and the sea-treasure guarded by your thighs! Of all the whole world's interchangeable obedient servants, madam, tell me why this one, who answers `I' to one sole call: his own, and that itself is surely `I'. But, high adventure for this voice, half-heard, in this plain armour of the armoury! High pride, in strict equality interred, plunged among equals who are doomed to die. Thunder must choose! the bullet's whirring flight trembles to speak its number, and the blade, wing of a seabird, sinuously bright, thrusts through wide horns of bulls its estocade. Bull of my fate! White, black, in my embrace! I grasp the fate thrust on me by the night. On my great breastplate's altar I enlace my own head, in my two strong arms locked tight, till in their place, mysterious, marvellous, Venus, your arms appear, soft stream of milk of almonds, sweet quintessence luminous, necklace and mouth abyssal, smooth as silk. I'm not submerged, but find my birth in this, find my baptismal springs, my lustral home, exist in your cries, trances, ecstasies. To mate with me you spurted from the foam. Strange that of all those goddesses, divine nymphs of the woods, the fields, the mountain-crest, you are the one, when I say: mistress mine, who runs to hide her forehead in my breast! I brush aside your lashes and your hair, gaze deep into the chasms of your gaze. No, I shall never know a final hour: I store up all our hope in endless days.'

Translation: Copyright © Timothy Adès

More poems by Jean Cassou...

Robert The Devil – I think of you Robert

ROBERT LE DIABLE

Louis Aragon (1897-1982)

ROBERT LE DIABLE
Tu portais dans ta voix comme un chant de Nerval Quand tu parlais du sang jeune homme singulier Scandant la cruauté de tes vers réguliers Le rire des bouchers t'escortait dans les Halles Tu avais en ces jours ces accents de gageure Que j'entends retentir à travers les années Poète de vingt ans d'avance assassiné Et que vengeaient déjà le blasphème et l'injure Je pense à toi Desnos qui partis de Compiègne Comme un soir en dormant tu nous en fis récit Accomplir jusqu'au bout ta propre prophétie Là-bas où le destin de notre siècle saigne Debout sous un porche avec un cornet de frites Te voilà par mauvais temps près de Saint-Merry Dévisageant le monde avec effronterie De ton regard pareil à celui d'Amphitrite Enorme et palpitant d'une pâle buée Et le sol à ton pied comme au sein nu l'écume Se couvre de mégots de crachats de légumes Dans les pas de la pluie et des prostituées Je pense à toi Desnos qui partis de Compiègne Comme un soir en dormant tu nous en fis récit Accomplir jusqu'au bout ta propre prophétie Là-bas où le destin de notre siècle saigne Et c'est encore toi sans fin qui te promènes Berger des longs désirs et des songes brisés Sous les arbres obscurs dans les Champs-Elysées Jusqu'à l'épuisement de la nuit ton domaine O la Gare de l'Est et le premier croissant Le café noir qu'on prend près du percolateur Les journaux frais les boulevards pleins de senteur Les bouches du métro qui captent les passants Je pense à toi Desnos qui partis de Compiègne Comme un soir en dormant tu nous en fis récit Accomplir jusqu'au bout ta propre prophétie Là-bas où le destin de notre siècle saigne La ville un peu partout garde de ton passage Une ombre de couleur à ses frontons salis Et quand le jour se lève au Sacré-Cœur pâli Quand sur le Panthéon comme un équarissage Le crépuscule met ses lambeaux écorchés Quand le vent hurle aux loups dessous le Pont-au-Change Quand le soleil au Bois roule avec les oranges Quand la lune s'assied de clocher en clocher Je pense à toi Desnos qui partis de Compiègne Comme un soir en dormant tu nous en fis récit Accomplir jusqu'au bout ta propre prophétie Là-bas où le destin de notre siècle saigne
Robert The Devil – I think of you Robert
Your voice was charged with something of Nerval You spoke of blood most singular young man Your cruel formal verse you made it scan Laughter of butchers flanked you in Les Halles You seemed already to be laying odds Across the years I hear the resonance Poetic tyro slaughtered in advance Avenged back then by sneers at men and gods You left Compiègne I think of you Robert Just as asleep one evening you had said So you fulfilled that prophecy you made Fate of our century lies bleeding there Stood in a doorway with a twist of fries St Merry overhung by thunderclouds Impertinently staring down the crowds You gazed like royal-blood Nereides Enormous throbbing with a pallid haze Ground at your foot like foam at breast of nude Thick with fag-ends and cabbage chewed and spewed Footfall of rain and all-too-ready lays You left Compiègne I think of you Robert Just as asleep one evening you had said So you fulfilled that prophecy you made Fate of our century lies bleeding there It’s you it still is you still strolling on Shepherd of long desires dead reveries The Champs-Elysées dim below the trees Until your own domain the night is gone O Gare de l’Est first croissant of the day Black coffee percolated freshly poured Crisp morning papers pungent boulevard The metro-mouths where figures drained away You left Compiègne I think of you Robert Just as asleep one evening you had said So you fulfilled that prophecy you made Fate of our century lies bleeding there Your passing haunts the city’s grimy brows With coloured shade The Sacré-Cœur is wan As knacker daybreak flays the Pantheon With shreds and tatters Later in the Bois The sun rolls oranges itself an orange The moon transfers her seat from tower to tower Striking the belfries as they strike the hour And the wind howls beneath the Pont-au -Change You left Compiègne I think of you Robert Just as asleep one evening you had said So you fulfilled that prophecy you made Fate of our century lies bleeding there

Translation: Copyright © Timothy Adès

More poems by Louis Aragon...

Sonnet 8

Categories
French

Sonnet 8

Jean Cassou (1897-1986)

Il n’y avait que des troncs déchirés, que couronnaient des vols de corbeaux ivres, et le chäteau était couvert de givre, ce soir de fer où je me présentai. Je n’avais plus avec moi ni mes livres, ni ma compagne, l’âme, et ses péchés, ni cette enfant qui tant rêvait de vivre quand je l’avais sur terre rencontrée. Les murs étaient blanchis au lait de sphinge et les dalles rougies au sang d’Orphée. Des mains sans grâce avaient tendu des linges Aux fenêtres borgnes comme des fées. La scène était prête pour des acteurs fous et cruels à force de bonheur.
Sonnet 8
Only torn tree-trunks; drunken flight of crows above them; that was all: thick frost was on the fortress wall when I walked in, that iron night. I’d lost my books; the soul had gone, my bosom friend, whose sins were rife; I’d lost that girl who yearned for life when we on earth stood one to one. White sphinx’s-milk ran down the walls; red blood of Orpheus stained the flags; at windows blind as wall-eyed trolls crude hands had strung a screen of rags: a stage for actors who enjoyed being both cruel and paranoid.
Jean Cassou, arrested as a suspected Resistant on 13 December 1941, enters the La Furgole military prison in Toulouse. From Jean Cassou, ‘33 Sonnets of the Resistance’, Arc Publications.

Translation: Copyright © Timothy Adès

More poems by Jean Cassou...

He and She

Sonnet 9: Elle et LuiTraduit de Hugo von Hofmannsthal

Jean Cassou (1897-1986)

Sonnet 9: Elle et LuiTraduit de Hugo von Hofmannsthal
Une coupe au bord de la bouche, elle allait d’un si ferme pas et la main si sûre que pas une goutte ne se versa. Il montait un cheval farouche. Si sûre et ferme était sa main que, frémissant au coup de frein, le cheval s’arrêta soudain. Et pourtant, quand la main légère à l’autre main gantée de fer cette simple coupe tendit, ils tremblaient si fort, elle et lui, que les mains ne se rencontrèrent, et le vin noir se répandit.
He and She
Curved her lip, and curved the cup carried safely in her hand; sure and easy was her tread, not a single drop was shed. Sure and steady was his hand, and his horse high-spirited; he with mastery pulled up, made the startled creature stand. Did the strong hand grasp the cup that the fair one offered up? It was not done easily. How they trembled, he and she! Hand by hand was never found, and the dark wine stained the ground.
Jean Cassou, imprisoned by the Nazis, translated the poem of Hofmannsthal into French. Louis Aragon wrote this in his blazing Introduction:- ‘…For it would be absurd to see no more in these sonnets than the outcome of those nights of captivity: they are also a drawing-out of linguistic skill and poetic meditation by a craftsman of verse, a proven master of the modern handling of antique metre: and we must mention how far he goes in rhyming, at the limits of assonance, and his systematic taste for the weak rhyme, often combined with a rare word; and a way, too, of bringing in colloquial words and idiomatic makeweights (a donc which the unsuspecting might see as a filler, when it is the whole beauty of the line, and of the stress); and the high point of my proposition is perhaps that moment when he takes a poem of Hugo von Hofmannsthal ... but, for this story, we need to stop. ‘A sonnet of Hofmannsthal. A German sonnet, to which the patriot in the shadowy depths will give its French expression. Let no-one tell me that this confrontation of the nations is excessive: on the contrary, it is what gives this episode its unexpected value. Below the translation there is a commentary, since, for once, the captive found he could not do without a commentary: (The prisoners were forbidden anything to read. One day, though, a fragment of an issue of the Pariser Zeitung came into my hands. My cellmate and I devoured the evil print which was at any rate something to read. I had the joy of lighting on a sonnet of Hofmannsthal: Die Beiden, a famous piece from the anthologies which had always charmed me and which I adapted into our language by great efforts during one of my nights of insomnia). ‘One will not quickly forget this intellectual adventure at the heart of the most terrible of wars: this moment of reunion ... Put Jean Noir and Hofmannsthal in prison and two poets fraternise, with all the burden of condemnation that rests on this accord beyond and outside their loyalties, against their gaolers and that Germany which their gaolers obey. One will not quickly forget this adventure, pregnant with all the future, where the French part is sustained with its double splendour of moderation and excess, which charges a sonnet so powerfully that my sentence explodes, founders, drunk with a national pride whose ingredients are courage, incomparable poetry and resolve, and that loftiness of spirit that makes our poets the equals of our heroes. I imagine it was pride pure and simple that night which filled him, a man who was in prison for resisting the Germans, and yet marvellously translated Hofmannsthal in his prison. I can imagine his feelings, and by doing so I know much more than I would from a faithful report of the indomitable character of the French in captivity. I learn from this what no-one, not even this poet of ours, would presume to relate. I understand, beyond his modesty, beyond that reserve always maintained by those who have touched the pit of horror, I understand the mechanism which has come into play so often in these inexpiable years, which will amaze the world with our martyrs, this harvest of heroism, this unbelievable profusion of magnificent lives and deaths, which give today's France a hundred or a thousand times that which sufficed to make the grandeur of Rome. I understand by this anecdote of the translated sonnet the greatness of our heroes, their simplicity, even their silence. One will not quickly forget this intellectual adventure.’ From Jean Cassou, 33 Sonnets of the Resistance and other poems, Arc Publications. I speak here: https://www.youtube.com/watch?v=WtPx7UayrkM

Translation: Copyright © Timothy Adès

More poems by Jean Cassou...

Sonnet 4

Sonnet 4

Jean Cassou (1897-1986)

Sonnet 4
J'ai rêvé que vous portais entre mes bras, depuis la cour jusqu'à votre salon obscur. Vous sembliez une soeur des chères créatures que j'adore, mais je ne vous connaissais pas. Il faisait une nuit de lune et de frimas, une nuit de la vie, sonore d'aventures. Tandis que je cherchais à voir votre figure, je vous sentais légère et tremblante de foi. Puis je vous ai perdue comme tant d'autres choses, la perle de secrets et le safran des roses, que le songe ou la terre offrirent à mon coeur. Signes de ma mémoire, énigmes, tout me mène, avec chaque soleil formé à si grand peine, au chef-d'oeuvre d'une fort et lucide malheur.
Sonnet 4
I dreamed that in my arms I carried you up from the courtyard to your room, lit low. You seemed a sister of that darling crew I love, but you were one I did not know. It was a night of frost, a moonlit night, a night of life, romantic, ringing, bold. I tried to see your face, and you were cold, you shivered to my touch, and you were light. And then I lost you, lost like so much more, saffron of roses, pearl of secret store, that earth or dream had offered to my soul. Riddles, remembered signs, bring back to me, with every sun that forms so painfully, this culminating, strong, transparent hell.
From Jean Cassou ’33 Sonnets of the Resistance’, Arc Publications

Translation: Copyright © Timothy Adès

More poems by Jean Cassou...

I Don’t Know Which Direction the Wind is Blowing

Categories
Latin

I Don’t Know Which Direction the Wind is Blowing

Xu Zhimo (1897-1931)

Latin Version by Timothy Adès
I don’t know Which direction the wind is blowing - I am in a dream, In the dream’s gentle wave lingering. I don’t know Which direction the wind is blowing - I am in a dream, Her tenderness, my fascination. I don’t know Which direction the wind is blowing - I am in a dream, Sweetness is the glory of the dream. I don’t know Which direction the wind is blowing - I am in a dream, Her betrayal, my depression. I don’t know Which direction the wind is blowing - I am in a dream, Heartbroken in the gloom of the dream. I don’t know Which direction the wind is blowing - I am in a dream, Dimness is the glory of the dream.
I Don’t Know Which Direction the Wind is Blowing
nescioquo tendunt venti: vagor incola somni.   undulat ut somnus, lene liquore moror. nescioquo tendunt venti: vagor incola somni.   quippe puella bonast: captor et allicior. nescioquo tendunt venti: vagor incola somni.   dulcedo, somni gloria magna mei! nescioquo tendunt venti: vagor incola somni.   tristitiam tradit falsa puella mihi. nescioquo tendunt venti: vagor incola somni.   in somni tenebris torqueor, excrucior. nescioquo tendunt venti: vagor incola somni.   caligo, somni gloria maesta mei!

Translation: Copyright © Timothy Adès

More poems by Xu Zhimo...

Pierrot’s Dance

Tanzlied Pierrots Words by ‘Paul Schott’ (Korngold & father) from his opera ‘Die tote Stadt’

Erich Korngold (1897-1957)

Tanzlied Pierrots Words by ‘Paul Schott’ (Korngold & father) from his opera ‘Die tote Stadt’
Mein Sehnen, mein Wähnen, es träumt sich zurück. Im Tanze gewann ich, verlor ich mein Glück. Im Tanze am Rhein, bei Mondenschein, gestand mir's aus Blauaug ein inniger Blick, gestand mir's ihr bittend Wort: o bleib, o geh mit nicht fort, bewahre der Heimat still blühendes Glück, mein Sehnen, mein Wähnen, es träumt sich zurück. Zauber der Ferne warf in die Seele den Brand, Zauber des Tanzes lockte, ward Komödiant. Folgt ihr, der Wundersüssen, lernt unter Tränen küssen. Rausch und Not, Wahn und Glück, ach, das ist des Gauklers Geschick. Mein Sehnen, mein Wähnen, es träumt sich zurück...
Pierrot’s Dance
My craving, my raving, my dream of old days My joy, I had won it and lost in the dance. I danced by the Rhine, the moon did shine, The blue eye, she threw me an intimate glance And this pleading word she did say: O stay, never journey away, Let the joy of our homeland still blossom and blaze. My craving, my raving, my dream of old days. Faraway Magic lit up my soul till I burned, Dance-away magic beckoned, till clown I turned. Follow the fay who endears, Learn how to kiss through tears. Noise and need, raving, joy, Such is the skill of the clown. My craving, my raving, my dream of old days …

Translation: Copyright © Timothy Adès

More poems by Erich Korngold...

The Mouse from England

La souris d'Angleterre

‘Nino’ – Michel Veber – (1896-1965)

La souris d'Angleterre
C'était une souris qui venait d'Angleterre, Yes, Madame, yes, my dear, Ell' s'était embarquée au port de Manchester Sans même savoir où s'en allait le navire. No, Madam', no, my dear. Elle avait la dent long' comme une vieille Anglaise, S'enroulait dans un plaid à la mode écossaise Et portait une coiffe en dentelle irlandaise. Dans le port de Calais, elle mit pied à terre, Yes, Madame, yes, my dear, Elle s'en fut bien vite à l'hôtel d'Angleterre, Et grimpe l'escalier tout droit sans rien leur dire, No, Madam', no, my dear, Le grenier de l'hôtel lui fut un vrai palace, La souris britannique avait là tout sur place, Du whisky, du bacon, du gin, de la mélasse. Chaque soir notre miss faisait la ribouldingue, Yes, Madame, yes, my dear, C'était toute la nuit des gigues des bastringues, Les bourgeois de Calais ne pouvaient plus dormir, No, Madam', no, my dear, En vain l'on remplaçait l'appât des souricières, Le Suiss' par le Holland', le Bri' par le Gruyère, Rien n'y fit, lorsqu'un soir on y mit du Chester. C'était une souris qui venait d'Angleterre, Yes, Madame, yes, my dear.
The Mouse from England
Now once upon a time there was an English mouse Yes, Madame, yes, my dear. She sailed from Liverpool – she must have been a Scouse. She didn’t even know the likely port-of-call. No, Madame, no, my dear. Long in the tooth she was, like any English crone, She wore a tartan plaid, the kind the Scots put on, And proudly on her head an Irish lace confec-ti-on. She came to Calais port, and there she disembarked Yes, Madame, yes, my dear. And to the Angleterre Hotel she quickly walked. Straight up the stairs she went, she said no word at all. No, Madame, no, my dear. The loft of the hotel outdid the great palaces: The lucky British mouse was well supplied, with masses Of whisky, of bacon, of gin, and of molasses. Each evening our Miss Mouse went on a jolly spree, Yes, Madame, yes, my dear. With noisy reels and jigs and shouts of revelry. The burghers of Calais could get no sleep at all No, Madame, no, my dear. The cheeses in the traps were switched to no avail, The Swiss, the Dutch, the Brie, so many bound to fail, Till at last one night they put some Wensleydale. For once upon a time there was an English mouse Yes, Madame, yes, my dear.

Translation: Copyright © Timothy Adès

More poems by ‘Nino’ – Michel Veber –...